Stratégie retail

Les dessous de la relance de Camaïeu

Par Dalila Bouaziz | Le | Enseignes

Mikaella Abittan, directrice générale adjointe de Camaïeu, nous livre les détails du grand retour de la marque, renommée Be Camaïeu. Il repose côté offre sur des basiques essentiels et de la durabilité, avec la création d’une dizaine de points de vente, dont certains partagés avec Celio.

En 2022, Celio fait l’acquisition du nom Camaïeu et l’enseigne prépare son retour le 29 août. - © D.R.
En 2022, Celio fait l’acquisition du nom Camaïeu et l’enseigne prépare son retour le 29 août. - © D.R.

Comment vous sentez-vous à quelques semaines de la relance de Camaïeu ?

Nous sommes très excités. Depuis l’annonce faite la semaine dernière, l’engouement est énorme. Cela confirme que Camaïeu conserve un fort attachement auprès des Français. Avec une notoriété préalable de 96 % avant sa liquidation, nous anticipons que le jour de la réouverture sera un événement exceptionnel pour toutes les équipes impliquées dans ce projet.

Quels seront les grands marqueurs de votre stratégie ?

Notre positionnement est clair, ce qui est essentiel pour le succès d’une marque. Nous nous sommes appuyés sur l’ADN de Camaïeu, tout en l’adaptant aux tendances actuelles. C’est pourquoi nous avons renommé la marque en Be Camaïeu, un nom qui évoque les basiques et les essentiels, répondant ainsi aux besoins quotidiens des femmes. Nous visons à simplifier la mode, un positionnement qui a contribué au succès de Celio, et que nous souhaitons suivre.

Nous visons à simplifier la mode, un positionnement qui a contribué au succès de Celio, et que nous souhaitons suivre.

Comment avez-vous conçu cette offre et sa particularité dans le marché du prêt-à-porter féminin ?

Notre gamme comptera 700 références, nettement inférieures à l’offre proposée à l'époque par Camaïeu, reflétant notre engagement envers la durabilité et la qualité plutôt que la surenchère. 70 % de l’offre sera constituée de basiques et d’essentiels. La qualité, les coupes et les finitions seront les points forts de nos collections, présentées dans une belle palette de couleurs.

Nous nous distinguons par cette approche unique qui manque sur le marché féminin, et qui constitue l’essence même de Be Camaïeu. Nous espérons répondre ainsi aux attentes de nos clientes. Nos produits seront vendus au prix moyen de 30 euros, comme celui de Celio, et nous utiliserons des matières communes.

L’accent est mis sur l'éco-conception, avec 35 % de nos produits déjà éco-conçus et un objectif de 100 % d’ici 2030. De plus le 29 août, nous lancerons une capsule « made in France » composée de six pulls marinière, soutenant ainsi les fabricants français, avec des prix un peu plus élevés. Cette initiative testera l’intérêt de nos clientes pour de telles offres.

Celio s’inscrit dans le quotidien des hommes mais peut-on calquer ce même modèle sur l’univers femme ?

Absolument, avec une approche spécifique qui inclura le renouvellement dans de nouvelles couleurs. Pour accompagner ce relancement, nous avons formé un groupe d’ambassadrices provenant de toute la France, avec diverses morphologies et tranches d'âge. Elles recherchent des basiques de qualité qui manquent actuellement sur le marché. Contrairement à des marques très axées sur la mode comme Zara, nous nous concentrons sur des produits essentiels et durables que les femmes peuvent utiliser au quotidien.

Notre objectif est d’atteindre toutes les femmes, en nous appuyant sur un retour aux fondamentaux qui intègre l’inclusivité (jusqu'à la taille 48), l’authenticité et la proximité, des valeurs que nous souhaitons refléter dans nos collections.

Comment avez-vous constitué votre réseau d’ambassadrices ?

Nous avons lancé un appel sur les réseaux sociaux pour recruter des ambassadrices pour Camaïeu, ce qui a suscité un très grand nombre de candidatures. Au total, 20 ambassadrices issues de toute la France, représentant une diversité de morphologies, ont été retenues. Autour de ces femmes, nous avons formé une communauté dynamique qui participe activement à la co-construction de la marque. À travers des ateliers, nous abordons des sujets variés comme l’expérience client, les produits, le parcours en magasin, et la stratégie e-commerce…

Nous avons présenté les collections à ces ambassadrices qui nous ont fourni des retours précieux, nous aidant à affiner nos offres. Leur feedback est essentiel dans le développement de nos innovations et dans la réponse aux besoins de nos clientes, ce qui renforce notre connexion avec le marché. Ensemble, nous construisons Be Camaïeu comme une marque participative.

Nous avons aussi co-créé avec elles une robe qui sera lancée le 29 août, lors du relancement de Camaïeu, ainsi que trois autres produits inspirés de leurs suggestions et adaptés à leurs désirs et morphologies.

Qu’avez-vous prévu d’un point de vue marketing lors du lancement ?

Nous travaillons activement sur cette question : bien que nous ayons déjà des points de vente, les détails de l’ouverture restent à finaliser. Nous produisons un documentaire qui retrace les coulisses de notre projet de relance depuis ses débuts. Des extraits sont régulièrement partagés sur les réseaux sociaux, ce qui nous permet d'engager notre communauté et de susciter l’intérêt pour le retour de la marque.

Chez Celio, la stratégie de marque inclut des partenariats et licences avec la collection Chamonix l’hiver dernier et Saint-Tropez. Est-ce qu’on va retrouver ce même type de partenariat ?

Oui, nous adopterons une approche similaire pour les partenariats chez Be Camaïeu. Cette stratégie nous permettra de créer des liens entre les deux marques à travers des collaborations comme celles de Chamonix et Saint-Tropez. Vous retrouverez des éléments similaires chez Be Camaïeu, avec des collections plus fantaisistes. Toutefois, nous ne proposerons pas de licences. Nous mettrons également en place un plan commun d’animations commerciales pour des temps forts clés, ainsi qu’un programme de fidélité à points similaire à celui lancé récemment par Celio.

D’ici trois ans, nous ambitionnons d’ouvrir 50 magasins. Bien sûr septembre sera déterminant pour envisager la suite de notre stratégie.

Vous avez indiqué que « Be Camaïeu » sera disponible en ligne et dans 13 points de vente. Pouvez-vous nous détailler le plan ?

Parmi ces 13 magasins, 11 seront des Be stores : d’un côté Celio, de l’autre Be Camaïeu. Deux magasins proposeront exclusivement Be Camaïeu : l’un sera permanent à Compiègne, dans l’ancien emplacement de Camaïeu, et l’autre sera un pop-up au centre commercial Vélizy 2 pour tester le concept dans une zone de très fort trafic.

Parmi les 11 autres magasins, certains sont des transferts, des agrandissements ou des créations nouvelles. D’ici trois ans, nous ambitionnons d’ouvrir 50 magasins. Bien sûr septembre sera déterminant pour envisager la suite de notre stratégie.

Les magasins Célio ont des codes très masculins. Comment allez-vous imbriquer un côté plus féminin dans ces points de vente ?

C’est un point que nous avons identifié. Nous avons retravaillé le concept pour adopter un style plus neutre, épuré et minimaliste, afin de mettre véritablement en avant les produits. Nous avons également créé des espaces distincts pour les hommes et les femmes, différents de ce qui se faisait auparavant.