Un marché du bricolage estimé à plus de 38 milliards d’euros en 2023
Par Dalila Bouaziz | Le | Enseignes
Après la période faste lors de la crise sanitaire, le secteur du bricolage subit le contrecoup, aggravé par l’inflation et un pouvoir d’achat en berne. Le retournement de l’immobilier complique un peu plus encore la tâche des distributeurs. Il faudra patienter jusqu’en 2025 pour voir les ventes rebondir de 3 %, selon les experts Xerfi.
Mauvaise passe pour le secteur du bricolage. Les experts Xerfi estiment que 2024 sera une nouvelle fois en repli, avec une prévision de -1,5 %. Il faudra attendre 2025 pour retrouver une embellie avec une hausse de 3 % et s’approcher des 39 milliards d’euros de chiffre d’affaires.
La rénovation énergétique, nouveau levier de croissance
La rénovation énergétique - fortement subventionnée par l’Etat qui vise l’élimination des passoires thermiques et la neutralité carbone à l’horizon 2050 - laisse entrevoir des opportunités de croissance. Notamment en matière de services et d’accompagnement des particuliers dans leurs projets. Evalué à 30 milliards d’euros par an, ce marché est donc une véritable aubaine pour les distributeurs de bricolage.
Leroy Merlin vise le milliard d’euros de chiffre d’affaires sur le marché de la rénovation énergétique à l’horizon 2025, soit plus de 10 % de son chiffre d’affaires actuel. Et Castorama affiche également de fortes ambitions.
La monétisation des données clients
Les grandes surfaces de bricolage, qui représentent les deux tiers du marché, sont confrontées à la montée des marketplaces, comme ManoMano. Ces dernières offrent un large éventail de produits sans les contraintes de stock et de logistique.
Autre relais, la monétisation des données client, soit par une marketplace comme Leroy Merlin, ou via le retail media.
La création d’une régie publicitaire permet de valoriser l’audience et la data clients auprès d’annonceurs. Le marché du e-retail media sur lequel vient entre autres de se positionner Kingfisher France ouvre de réelles opportunités de croissance alors que la disparition programmée des cookies tiers en 2024 renforcera le rôle des données first party (celles des distributeurs).
L’économie circulaire
Les distributeurs de bricolage mènent de nombreuses actions pour minimiser leur empreinte écologique : renforcement de l’offre locale, affichage d’un scoring environnemental, diminution de la consommation énergétique des magasins et des entrepôts, réduction des emballages, etc.
Les enseignes accusent pourtant un certain retard sur le marché de la seconde main (reconditionné, occasion, surplus de chantier) alors que la pratique s’ancre dans les habitudes de consommation des Français. L’économie circulaire est donc un terrain sur lequel les entreprises du secteur vont devoir s’engager.
Des pure players en difficulté
Le jeu concurrentiel a été fortement perturbé par l’arrivée et la montée en puissance des pure players et de leurs marketplaces. Deux d’entre eux, Amazon et ManoMano, se sont hissés dans le top 10 du bricolage ces dix dernières années.
Si le géant américain poursuit son ascension sur le marché français, ManoMano vit en revanche des moments difficiles. Le pure player a annoncé un projet de réorganisation qui pourrait déboucher sur la suppression de 230 postes dont 150 en France. « Si l’e-commerçant entend rester un acteur majeur du bricolage en France, le ralentissement des investissements dans le secteur de la tech questionne sur sa capacité à traverser cette mauvaise passe, pointent les experts de Xerfi. C’est d’autant plus vrai que la suprématie des grandes surface de bricolage (GSB) semble difficile à remettre en cause. »
Un niveau de concentration très élevé
Recentré sur le bricolage, Adeo représente à lui seul plus de 30 % du marché du bricolage et près de la moitié du circuit spécialisé. « Il dispose pourtant encore d’une marge de progression sur le terrain de la proximité alors qu’il multiplie les expérimentations pour trouver une déclinaison urbaine de son enseigne phare Leroy Merlin. »
Le niveau de concentration culmine à un point haut. Les quatre groupes leaders - Adeo, Kingfisher, Les Mousquetaires, Mr Bricolage - pèsent ensemble plus de 90 % du chiffre d’affaires des GSB. Le récent rachat de 13 magasins de bricolage Tridôme par Les Mousquetaires a permis au groupement de gagner quelques dixièmes de point de part de marché. Mais le potentiel de croissance externe s’est considérablement réduit. Idem pour celui des alliances à l’achat après celles intervenues en 2023, d’une part, entre Kingfisher France et Mr Bricolage et, d’autre part, entre Weldom et Cofaq.