« En 2024, nous proposerons sur Leboncoin du cross-border entre la France et l’Allemagne »
Par Dalila Bouaziz | Le | E-commerce
A l’occasion du lancement des Retail Days E-commerce, Amandine de Souza, marraine de l’événement, détaille sa feuille de route en tant que nouvelle directrice générale du Boncoin. L’occasion d’aborder ses grands chantiers et d’évoquer la nouvelle bataille sur la seconde main.
Comment se passent vos premiers pas en tant que DG du Boncoin ?
J’ai la chance d’arriver à la tête d’une entreprise qui est une « Love brand », où quasiment tous les Français ont une histoire avec Leboncoin. C’est un asset incroyable de travailler la notoriété et la performance dans un groupe en pleine transformation, appartenant à un groupe européen. Nous disposons d’une part de portefeuille importante pour les Français, en étant leader sur l’automobile, l’immobilier mais aussi présent sur l’emploi et la location de vacances, avec du cross-sell entre les différentes catégories. Nous transformons l’entreprise pour être leader demain à l’échelle européenne de la seconde main, le « re-commerce » sur les biens de consommation.
Nous transformons l’entreprise pour être leader demain à l’échelle européenne de la seconde main.
Quels sont les nouveaux services développés ?
Sur Leboncoin, les échanges se faisaient et se font toujours idéalement dans une zone proche de chez soi. Nous avons voulu développer la partie e-commerce, le transactionnel et offrir la possibilité pour des échanges en face en face (80 % des échanges) d’avoir un paiement sécurisé. Aujourd’hui, sur la plateforme, vous pouvez payer directement sur la plateforme pour ne pas avoir d’argent à échanger et accepter le paiement que lorsque le produit convient et pouvoir ainsi le réserver. Nous avons élargi la livraison, avec l’envoi de marchandises via des transporteurs, à domicile ou en point relais, et récemment dans des lockers. Cela a un bon taux d’adoption et enregistre une forte croissance. Nous ne proposons pas encore sur la plate-forme la livraison de produits volumineux mais nous y travaillons.
A l’été 2024, lorsque les plateformes auront convergé - une première étape- entre la France et l’Allemagne avec Kleinanzeigen (l’équivalent du Boncoin dans le pays), nous pourrons proposer du cross-border entre les deux pays et enrichir le nombre de produits sur la plateforme. Nous recensons 67 millions d’annonces en ligne sur Leboncoin mais sur certaines sous-catégories, il y a des offres sur lesquelles l’Allemagne pourra enrichir l’offre du Boncoin ou sur des zones de chalandise proches. Les clients pourront acheter des articles présents en Allemagne et se faire livrer. Ensuite, les plateformes équivalentes du Benelux, l’Espagne et l’Italie rejoindront la plateforme commune.
Que proposez-vous aux professionnels ?
Nous avons développé une offre sur le reconditionné pour revendre soit des produits d’occasion, modèles d’exposition, retours e-commerce, articles un peu abîmés… et de pouvoir les plugger directement sur notre plateforme. Nous ne sommes qu’au début car il nous faut connecter les agrégateurs de flux. Pour l’instant, nous n’en avons qu’un (Shoppingfeed puis Sellermania en fin d’année). Nous développons des API directement avec des marques qui ont un catalogue, un inventaire intéressant.
Nous le faisons de façon plus manuelle avec Boulanger et Auchan, par exemple. Chaque magasin se branche sur la plateforme et utilise Leboncoin pour vendre ses modèles d’exposition et générer du trafic en magasins. Ils utilisent notre audience plus large pour faire venir dans le magasin Auchan ou Boulanger local et toucher une autre clientèle. Cela fonctionne très bien. Nous sommes également en discussion avec d’autres distributeurs.
Justement de plus en plus de distributeurs proposent des offres de seconde main, comment pensez-vous réussir à les faire venir sur votre plateforme ?
Notre plateforme n’a été lancée qu’au 2e trimestre 2023. Tous les acteurs cherchent le bon modèle. Ils peuvent le faire de façon intégrée sur le site pour une première visibilité. Maintenant, s’ils veulent avoir une rotation de leurs produits très importante, Leboncoin reste le leader de référence sur le marché. Toutefois, il faut que cela soit dans l’ADN de ce que nous faisons. Nous ne sommes pas là pour proposer des produits neufs.
Quels vos objectifs en 2024 sur cette offre ?
Nous voulons d’abord faire monter d’un point de vue interne l’ensemble des agrégateurs, pour que tous les acteurs de la seconde main puissent considérer Leboncoin. Il faut que cela soit simple d’un point de vue tech. Sur le marché, il y une quinzaine d’agrégateurs d’où l’importance de monter en puissance. Ensuite, nous allons avoir des objectifs très différents en fonction des catégories. Je resterai très vigilante sur certains segments pour que les particuliers restent majoritaires dans le prêt-à-porter, décoration… Sur la partie électroménager ou multimédia, où évidemment une offre reconditionnée est tout à fait légitime, nous pouvons aller chercher de nombreuses enseignes.
Sur la mode en ligne d’occasion, n’avez-pas pris du retard par rapport à Vinted qui gagne de plus en plus de part de marché ?
Quand Vinted arrive en 2017, il est sur une catégorie où nous ne sommes pas très présents, à savoir la mode, avec ce modèle 100 % transactionnel, où c’est l’acheteur qui paye la commission. Un service innovant sur le marché. Nous avons complètement fait évoluer la plateforme sur cette offre. Depuis cette année, nous avons une offre de « bundle » : si l’acheteur prend plusieurs produits au même vendeur, il obtient des réductions. Cela accélère le taux de prise chez nos utilisateurs.
Aujourd’hui, notre proposition est équivalente voire supérieure sur certaines fonctionnalités. Nous proposons le face à face, non disponible sur Vinted. Cette proximité reste l’une des forces de Leboncoin. Nous recensons 14 millions de produits en ligne en ce moment. Ce n’est pas du tout une catégorie que nous avons abandonnée. Naturellement, on pense plus à nous pour des produits de décoration et maison, et tout ce qui est autour de la famille (puériculture et vêtements pour enfants). Vinted a plus de difficultés à sortir de la mode.
Pourquoi avez-vous fermé le site Videdressing ?
Nous l’avons intégré au Boncoin en reprenant toutes les fonctionnalités. C’est aussi pour cette raison que nous avons accéléré sur la partie transactionnelle, en changeant d’un modèle pur média de site de petites annonces à un e-commerçant. Notre stratégie a toujours été de prendre l’ensemble des forces et de les intégrer dans le « site-mère ». Nous regardons la catégorie Biens de consommation comme un tout.
Retail Days E-commerce 2024
En 2024, Républik Retail décline son concept à succès, Retail Days, en le consacrant exclusivement à l’e-commerce. Pour cette première édition, RDV les 30 et 31 janvier 2024, avec parmi les marraines de l’événement Amandine de Souza, directrice générale du Boncoin.
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Quand vous avez démarré, vous étiez pionnier dans la seconde main. Aujourd’hui, la concurrence vient de partout. Quelle est la force du Boncoin ?
Quand on vend un produit sur Leboncoin, c’est pour ne pas le jeter. Et quand on achète un produit sur notre plateforme, l’internaute a le choix entre acheter de la première ou de la seconde main. Nous sommes concurrencés par de nombreux acteurs et en même temps notre proposition est unique en son genre car nous sommes présents sur l’ensemble des verticales. Nous avons cet ADN de proximité de pouvoir offrir le face à face sur la partie biens de consommation. Tout en développant parce que les clients le demandent une offre e-commerce. En 2022, nous avons enregistré en ligne 111 millions de transactions. Côté audience, nous recensons entre 27 et 29 millions de visiteurs uniques chaque mois. Depuis le début de l’année, nous sommes entre 9 et 10 % de croissance par rapport à 2022.
Quel est le bilan de l’activité de la régie ?
Nous sommes l’une des plus grosses régies françaises. Nos annonceurs l’utilisent aussi bien pour le site du Boncoin mais aussi de plus en plus à l’extérieur. Ils peuvent activer notre audience sur d’autres plateformes, notamment sur des formats que nous ne proposons pas comme la vidéo (Youtube, Facebook, Instagram, Deezer…). En ayant un Français sur deux qui se connecte sur la plateforme et disposant de toutes les catégories de produits, nous savons quand les personnes déménagent, ont un enfant, partent en vacances… Nous sommes capables de segmenter des moments de vie. Nous recensons toute une palette de nouveaux services, le CRM onboarding, pour effectuer du matching entre une marque et Leboncoin pour pouvoir adresser des clients communs ou des utilisateurs qui rechercheraient la marque sur notre site.
Nous disposons également d’offres pour driver du trafic en magasins en sortant du cadre des annonces en display faites sur le site. Nous touchons potentiellement tous les annonceurs et catégories avec des axes plus affinitaires sur l’assurance, l’automobile… Aujourd’hui, des acteurs comme Procter & Gamble ou La Redoute utilisent notre audience à l’extérieur de la plateforme.
Avez-vous une offre de retail media ?
Nous sommes en train de la construire pour une commercialisation en 2024, à l’échelle européenne. Les professionnels pourront utiliser le retail media comme un levier de performance pour accélérer la rotation des ventes, la visibilité de leurs produits… sur Leboncoin.
Nous sommes en train de construire notre offre de retail media pour une commercialisation en 2024, à l’échelle européenne.
Quelles sont vos prochaines innovations ?
Nous travaillons sur l’amélioration de tous les services et fonctionnalités sur l’ensemble des verticales. Sur la partie « re-commerce », nous pourrions proposer demain des assurances, de la livraison XL, et pourquoi pas de l’abonnement.
Nous utilisons l’IA depuis de nombreuses années sur le search, service client ou dépôt d’annonce, en essayant d’accompagner au maximum les utilisateurs sur la plateforme pour que ce soit le plus simple et le plus automatisé possible. Nous disposons d’équipes dédiées sur l’IA générative, avec un nouvel hackaton sur le sujet en novembre, pour encore plus révolutionner le produit demain, l’expérience utilisateur, le dépôt d’annonce, le search et être encore plus efficaces sur le service client.
Quels sont vos enjeux du moment ?
De façon globale, que la seconde main soit un premier choix. Nous préparons Noël. Nous avions observé l’année dernière une vraie tendance de consommation d’achats de seconde main, avec des pics de trafic jamais atteints précédemment sur les derniers week-ends dans les catégories : jouet, jeux vidéo, décoration… Nous voulons développer l’usage du cadeau de seconde main.
Les chiffres clés du Boncoin
• Créé en 2006
• 1er site généraliste de vente entre particuliers en France, mais aussi leader sur les marchés de l’immobilier et l’automobile, acteur clé sur l’emploi et la location de vacances (entre particuliers, B2C et hôtels).
• 2e site e-commerce en France (classement Fevad)
• 28,8 millions de V.U mensuels en moyenne (Médiamétrie Netratings mars 2023, +3,3 % vs Y-1)
• Près de 20 millions de Français ont acheté et/ou vendu au moins un bien sur leboncoin (Étude sur la contribution économique et sociétale du boncoin - Archipel & Co - 2023, d’après les données de 2022)
• 80 % des échanges se font en face à face
• Plus de 67 millions d’annonces en permanence (28 millions avant le premier confinement), dans 75 catégories
• 500 000 professionnels et 15 % des entreprises françaises utilisent Leboncoin et ses services payants dédiés
• Chiffre d’affaires en 2022 : 494 millions d’euros vs 453 millions en 2021 (rapports financiers Adevinta)
• leboncoin fait partie du groupe international Adevinta coté à Oslo