Galeries Lafayette et le BHV, la seconde main en mode omnicanal
Par Dalila Bouaziz | Le | Seconde main
Les Galeries Lafayette et le BHV explorent de nouvelles voies en intégrant la seconde main au cœur de leur offre aussi bien en ligne qu’en magasin avec des corners dédiés. Retour sur les origines de cette initiative, ses modalités et ses premiers résultats.
Depuis quelques mois, les grands magasins emblématiques des Galeries Lafayette en province et du BHV, appartenant à la Société des grands magasins (SGM), ont amorcé un virage significatif vers l’économie circulaire en intégrant des espaces dédiés à la seconde main. Cette démarche s’inscrit dans une volonté affirmée de répondre aux nouvelles attentes des consommateurs tout en valorisant des pratiques plus durables.
Des objectifs partagés
Depuis plusieurs années, le BHV et les Galeries Lafayette suivent à la loupe les évolutions des modes de consommation. « La reprise du BHV, il y a un peu plus d’un an, nous a offert l’opportunité de repenser notre modèle pour qu’il soit en phase avec les attentes des clients, mais aussi avec nos propres convictions », explique Emmanuelle Claverie-Veysset, directrice générale du BHV.
Pour concrétiser cette vision, Paradigme, start-up spécialisée dans la revente de vêtements de seconde main, s’est imposé comme un partenaire de choix. « Avec mon frère, nous avons fondé Paradigme il y a trois ans pour révolutionner la revente de vêtements en la rendant à la fois simple et attractive. Collaborer avec le BHV et les Galeries Lafayette, c’était une évidence tant nos valeurs sont alignées », confie Vincent Huché Deniset, co-fondateur de la start-up. Le choix de Paradigme repose sur sa capacité à proposer un modèle agile, tout en offrant un portefeuille de plus de 200 marques premium.
L’évolution d’un modèle vers l’omnicanalité
L’offre de seconde main, d’abord introduite sous forme de pop-up stores, s’est rapidement imposée comme un élément stratégique des grands magasins. « Nous avons commencé avec des tests à court terme, notamment au BHV Rivoli et à Parly 2, pour évaluer l’engouement des clients. Les résultats ont été immédiats : une forte traction et des volumes de collecte significatifs », précise Emmanuelle Claverie-Veysset.
Cette phase pilote a conduit à la mise en place d’espaces permanents dans les deux magasins du BHV depuis six mois pour Parly 2 et depuis décembre dernier au BHV Rivoli et dans trois Galeries Lafayette à Dijon, Le Mans et Orléans, avec l’ouverture prochaine d’un quatrième à Limoges. En parallèle, l’offre s’est déclinée en ligne, grâce à une plateforme co-brandée permettant aux clients de revendre leurs vêtements depuis chez eux et de recevoir une carte cadeau utilisable dans les enseignes. « L’omnicanalité est au cœur de notre stratégie. Avec Paradigme, nous sommes capables de proposer une expérience fluide, en ligne et en magasin, ce qui fait notre singularité par rapport à d’autres acteurs de la seconde main, ajoute la dirigeante. Nous avons mis en place un système très intuitif : les clientes obtiennent une carte cadeau en échange de leurs articles, qu’elles peuvent dépenser dans tout le magasin. »
Les vêtements collectés sont ensuite triés, contrôlés et remis en état par les équipes de Paradigme avant d’être proposés à la vente. L’assortiment proposé repose sur une sélection de marques premium telles que Sézane, Sandro, Maje ou encore ba&sh. « Nous avons volontairement exclu la fast fashion pour nous concentrer sur des marques qui incarnent à la fois la qualité et le style, » souligne Vincent Huché Deniset.
Un modèle opérationnel unique
L’un des points forts de ce partenariat réside dans son modèle opérationnel. Paradigme a développé une technologie qui scrute les prix des grandes plateformes de seconde main (Vinted, Vestiaire Collective, etc.) pour établir des offres de rachat cohérentes. « Cette approche garantit que nos prix sont compétitifs, tant pour le rachat que pour la revente. C’est un équilibre essentiel pour créer de la valeur pour nos partenaires et pour les clients », explique Vincent Huché Deniset. En ligne, la plateforme BHV.fr permet non seulement de revendre ses vêtements mais également d’acheter des pièces de seconde main.
En magasin, l’expérience client a été soigneusement travaillée. Les points de collecte permettent de déposer ses articles à tout moment. Une fois les vêtements évalués, une carte cadeau est immédiatement remise, bouclant ainsi la boucle de l’économie circulaire. « Les corners de vente entre 20 et 30 mètres carrés sont pensés comme de véritables espaces premium. Les vêtements y sont présentés par taille, couleur et saison, avec une attention particulière au merchandising pour casser l’image des friperies traditionnelles », souligne Olivier Klein, directeur des Opérations Réseau SEGM affilié Galeries Lafayette.
Des résultats prometteurs
En quelques mois, les chiffres témoignent d’un certain engouement des clientes pour cette offre. Entre 5 000 et 10 000 pièces ont été collectées dans les phases de test, avec une moyenne de sept articles par dépôt. « Ce qui est frappant, c’est la diversité des clientes : des jeunes à la recherche de bonnes affaires responsables et des clientes fidèles qui trouvent une nouvelle manière de consommer au sein de leur enseigne de référence », note Vincent Huché Deniset.
Du côté des ventes avec 2 à 3 articles par panier, certaines marques se démarquent par leur popularité, notamment Sézane, Ba&sh, Sandro et Maje et alors même qu’elles possèdent leur propre site de seconde main. « Nous observons également une évolution des comportements : les clients n’hésitent plus à mixer des pièces de seconde main avec des articles neufs. Cette hybridation reflète une consommation plus réfléchie », analyse Olivier Klein.
Un modèle économique gagnant-gagnant
Le partenariat entre Paradigme et les grands magasins repose sur un modèle de partage des risques et des bénéfices. « Nous avons imaginé un système où les revenus issus de la revente sont partagés, tout comme les coûts liés aux cartes cadeaux, » précise Vincent Huché Deniset. Ce modèle assure une rentabilité tout en répondant aux exigences des clients.
Ce partenariat n’en est qu’à ses débuts. Le BHV et les Galeries Lafayette envisagent d’élargir leur offre en intégrant des catégories comme les accessoires, les chaussures voire au segment homme. « L’objectif est de créer un nouvel écosystème autour de l’économie circulaire, où chaque client trouve sa place, qu’il soit acheteur ou vendeur », conclut Emmanuelle Claverie-Veysset.