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Leroy Merlin accélère le déploiement du Home Index en Europe

Par Dalila Bouaziz | Le | Eco conception

Cet article est référencé dans notre dossier : Dossier spécial Retail Days 2024 : 10 tendances décryptées par nos grands témoins

Leroy Merlin déploie son Home Index en Espagne et au Portugal, renforçant ainsi son engagement pour une consommation responsable en Europe. Ce système de notation des produits devient central dans sa transition écologique. Entretien avec Marie Simunic, directrice des impacts positifs, avant son témoignage lors des Assises Mode et Maison à Retail Days.

Le Home Index repose sur une notation allant de A à E et recense 120 000 produits. - © D.R.
Le Home Index repose sur une notation allant de A à E et recense 120 000 produits. - © D.R.

Leroy Merlin s’apprête à franchir une étape cruciale dans sa stratégie de développement durable. Dès septembre 2024, l’enseigne déploiera son Home Index en Espagne, suivi de près par le Portugal fin septembre - début octobre. Ce système de notation, déjà déployé en France depuis deux ans, évalue l’impact environnemental et social des produits de l’enseigne. « Le Home Index est né d’une volonté interne de mesurer l’impact de nos produits avec des critères validés par des experts externes, comme Carbone 4 et le pôle éco-conception de Saint-Étienne », explique Marie Simunic, directrice des Impacts Positifs de Leroy Merlin.

Ce système de notation, initialement conçu pour un usage interne, a été rendu public afin de permettre aux clients de faire des choix éclairés. « Lorsque nous avons vu l’effet vertueux du Nutri-Score dans l’alimentaire, nous avons décidé de rendre le Home Index visible pour que nos clients puissent choisir en toute conscience. Cela a aussi incité nos fournisseurs à améliorer leurs produits », souligne Marie Simunic.

Après l’Espagne et le Portugal, le leader européen du marché poursuivra son déploiement en Europe avec l’introduction du Home Index en Italie en 2025. Précédée par Weldom, l’autre enseigne du groupe Adeo qui adoptera cet outil en novembre 2024. L’objectif : offrir aux clients une transparence accrue sur l’empreinte écologique et sociale des produits qu’ils achètent, tout en incitant les fournisseurs à améliorer continuellement leurs pratiques.

Des résultats encourageants

La fiche Home Index sur le site marchand - © D.R.
La fiche Home Index sur le site marchand - © D.R.

Le Home Index repose sur une notation allant de A à E, prenant en compte divers critères environnementaux et sociaux (31 critères sur 8 familles traitant de sujets environnementaux, sociétaux ou sociaux qui évaluent le produit de 0 à 100, et cette note sur 100 est convertie en une note de A à E ; A étant pour la meilleure performance du produit).

À ce jour, sur les 120 000 produits (100 % des catégories sont couvertes) ayant une note visible des clients : 4 % sont notés A, 17 % B, 15 % C, 20 % D, et 5 % E. « 39 % des produits sont encore en cours de notation, ce qui montre la dynamique constante d’amélioration et de réévaluation de nos produits », souligne Marie Simunic.

« Aujourd’hui, 27,25 % du chiffre d’affaires provient des produits notés A et B, et 50,5 % des produits notés ABC. »

L’impact de cette initiative sur le chiffre d’affaires est déjà palpable. « Aujourd’hui, 27,25 % du chiffre d’affaires provient des produits notés A et B, et 50,5 % des produits notés ABC, précise la directrice. Nous observons une accélération des ventes pour les produits les mieux notés, ce qui prouve que les clients sont prêts à privilégier la qualité environnementale et sociale », ajoute-t-elle. Ces produits plus vertueux sont également mis en avant par l’enseigne dans ses rayons et ses communications.

Des critères en constante évolution

Depuis son lancement, le Home Index a déjà connu plusieurs évolutions. La version 2, introduite début 2024, a affiné la pondération des critères, en séparant notamment les impacts environnementaux des impacts sociaux, et en ajustant la note environnementale en fonction de l’empreinte carbone des produits. « Nous avons également retravaillé les critères environnementaux en intégrant des analyses du cycle de vie des produits pour une évaluation plus fine », détaille-t-elle. Par exemple dans la peinture, les pots qui pouvaient être éco-conçus n’étaient pas pris en compte dans la note jusque-là. Toutes les données sont désormais vérifiées par des organismes externes, garantissant ainsi la crédibilité du système.

Leroy Merlin travaille en étroite collaboration avec ses fournisseurs pour les accompagner dans cette démarche. À ce jour, 1 048 fournisseurs sur 1 053 sont engagés dans le processus, ce qui traduit une adhésion quasi-totale au projet. En 2024, la publication de la note Home Index est intégrée dans les contrats de tous les fournisseurs.

Parmi eux, le groupe italien Gruppo Mauro Saviola, spécialisé dans les meubles de cuisine, a entrepris des audits environnementaux pour améliorer la note de ses produits. Tous leurs produits sont actuellement notés B, mais l’entreprise vise la note A en prolongeant la garantie de deux à cinq ans.

Autre exemple, la gamme de robinets Remix, développée en collaboration avec les équipes Adeo et Leroy Merlin. Ces robinets permettent une réduction de la consommation d’eau jusqu’à 60 %, une amélioration de la durée de vie du produit grâce à une garantie étendue et la disponibilité des pièces détachées, ainsi qu’une réduction du packaging avec la suppression du plastique non recyclable. Ces efforts leur ont permis d’obtenir une note Home Index de B. Quant aux meubles de rangement Evom, ils intègrent 70 % de matières recyclées dans les panneaux et sont fabriqués en France et en Italie. Ces meubles offrent une durée de garantie allant jusqu’à 15 ans pour les caissons et les façades, contribuant ainsi à une réduction de l’impact carbone de 8 % et obtenant une note Home Index de A.

Enfin, Leroy Merlin développe activement des gammes d’isolants biosourcés pour réduire l’impact environnemental. Par exemple, de nouveaux produits isolants en fibre d’herbe ont été introduits, offrant un produit sain et naturel qui stocke le carbone et assure un meilleur confort thermique tout en préservant la qualité de l’air. Ces isolants ont reçu une note Home Index de B.

Vers une généralisation du Home Index dans le bricolage ?

Alors que la réglementation européenne, notamment liée à la CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive), imposera dès 2025 une transparence accrue aux entreprises, Leroy Merlin se positionne en pionnier. « Nous voulons être prêts et anticiper les exigences réglementaires pour assurer la pérennité de notre engagement », affirme Marie Simunic.

Le déploiement du Home Index à l’échelle européenne n’est que le début d’une ambition plus large. Leroy Merlin aspire à faire de cet outil un standard de l’éco-conception dans le secteur. « Nous sommes convaincus que l’adoption d’un référentiel commun pour l’éco-score est essentielle pour éviter la confusion chez les consommateurs et encourager l’ensemble du secteur à s’aligner sur des pratiques plus durables », pointe Marie Simunic.

Pour l’heure, Leroy Merlin continue de former ses collaborateurs à l’utilisation du Home Index et à la compréhension des critères sous-jacents. « Cette transformation en profondeur exige un véritable travail d’acculturation interne. Nous avons formé nos équipes pour qu’elles puissent expliquer aux clients l’impact réel des produits », souligne-t-elle. Le développement du Home Index est également marqué par une approche pragmatique. L’enseigne s’adapte aux réalités du marché, notamment en termes de disponibilité des matières premières recyclées et de certification des produits. « Nous travaillons en étroite collaboration avec nos fournisseurs pour construire des stratégies sur le long terme, en leur offrant des garanties contractuelles qui leur permettent d’investir dans des pratiques plus durables. »

L’initiative de Leroy Merlin pourrait bien inspirer d’autres acteurs du marché à suivre cette voie, dans un contexte où l’éco-conception devient un impératif incontournable. La route est encore longue, mais l’enseigne semble déterminée à montrer l’exemple. « Il est essentiel de démontrer qu’une conception plus durable n’entraîne pas nécessairement des coûts plus élevés », conclut-elle.

RDV aux Assises de la Mode et de la Maison à Retail Days

RDV le 1er octobre pour les Assises Mode et Maison. - © Républik Retail
RDV le 1er octobre pour les Assises Mode et Maison. - © Républik Retail

Marie Simunic, directrice des impacts positifs de Leroy Merlin, reviendra lors des Assises de la Mode et de la Maison -organisées dans le cadre de Retail Days (30 sept -1er oct à Deauville), sur l’éco-score mais aussi sur l’éco-conception.

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