[Etude] 39 % des Français prêts à acheter dans les mondes virtuels
Par Clotilde Chenevoy | Le | Relation client
Si les marques se cherchent autour du web3, La Retail Tech et OpinionWay ont pris le pouls pour connaître le ressenti des Français. Il reste encore de la pédagogie à faire pour faire connaître les différentes technologies, mais déjà des consommateurs se disent prêts à acheter dans le virtuel.
Carrefour qui achète un terrain dans le metavers, Leader Price qui propose dans le monde virtuel The SandBox une quête pour gagner des bons des réductions, ou encore Decathlon qui associe un NFT à la vente de sneakers. Les marques ne cessent de multiplier les tests autour du Web3, nouvelle ère dans le monde numérique plus immersive.
« La prime est à l’action », a déclaré Nicolas Safis, direction innovation de Carrefour, à l’occasion d’un événement organisé par La Retail Tech sur le Web3. Le distributeur a en effet multiplié les tests depuis le début de l’année, avec la vente de NFT ou encore du recrutement dans le metavers. « L’idée consiste à comprendre ce que les clients attendent, précise-t-il. Les communautés peuvent être très dures et elles peuvent avoir du mal avec les entreprises qui interviennent dans leur monde. Pour réussir un projet, il est essentiel de s’adapter aux codes du Web 3 et non l’inverse. »
Même analyse pour Nicolas Joly, président de Casino Immobilier, qui souligne que « la technologie a fait des progrès et elle permet des cas d’usages différents. Il y a une réelle opportunité avec le Web3. Ce n’est pas un effet de mode mais bien quelque chose de plus profond. » Cela peut sembler étonnant que le sujet soit porté par la division immobilier mais le dirigeant indique qu’avec le metavers, « on est sur des actifs de flux, comme un centre commercial. Le monde virtuel sera une partie du parcours client. Gartner a chiffré qu’en 2026 les consommateurs devraient passer 1h sur le metavers. Il y a certes actuellement un effet de surmédiatisation mais il y a des infrastructures à construire. »
En effet, pour Brahim Abdesslam, cofondateur de la start-up Younicorns et chargé chez Keyrus des sujets Web3, « le metavers se rapproche plus du magasin physique que l’e-commerce. Il ne faut pas dupliquer son site mais bien s’inspirer du retail physique et voir comment le transposer en trois dimensions. Autre point d’attention, il ne sert à rien de dupliquer des choses qui fonctionnent déjà très bien comme le live streaming sur Instagram. Pour que l’investissement soit intéressant, il faut vraiment imaginer de nouveaux parcours et les connecter à l’existant. » Autrement dit, l’omnicanalité restera encore longtemps un sujet majeur !
Les Français plutôt bien informés sur le Web3
Si certains retailers sont donc convaincus par les nouveaux enjeux, qu’en est-il des Français ? Etonnamment, selon le sondage OpinionWay pour la Retail Tech, la connaissance des consommateurs sur les éléments liés au metavers est plutôt bonne : 87 % ont déjà entendu parler d’au moins une des technologies en lien avec le Web3 (Voir graphique ci-dessous). 56 % connaissent précisément au moins un élément. Ce chiffre peut sembler élevé, il est certainement à relativiser car un Français sur deux n’est certainement pas capable d’expliquer techniquement la technologie, mais connaît dans les grandes lignes le principe. Rappelons également que chez les fans de jeux vidéos, le Web3 n’est pas une nouveauté.
Par âge, l’étude met en avant que les 18-24 ans, soit les jeunes consommateurs, sont très aguerris sur le sujet avec 91 % des sondés qui ont entendu parler d’un élément et 77 % déclarent connaître précisément au moins un élément. Comme pour les autres segments, ce sont les sujets de la blockchain et des NFT qui sont les moins connus. (Lire notre Guide Retail et NFT).
Quant à l’intention d’être actif sur les mondes virtuels, le sondage OpinionWay pour La Retail Tech est assez positif. « C’est une vraie surprise sur le volet achat, analyse Frédéric Micheau, directeur général adjoint d’OpinionWay. 39 % envisagent d’acheter au moins un élément dans un monde virtuel, avec une sur-réponse pour les 18-24 ans. Les écarts sont extrêmement marqués avec les autres tranches d’âge. Ils ont une vraie curiosité et appétence pour le monde virtuel. »
Concernant le budget, les Français se disent prêts à dépenser en moyenne 103 euros par mois dans un metavers.
« L’économie du web 3 est en train de se monter, avec une phase d’expérimentation et de tests, juge Nicolas Diacono, Digital Trends Analyst chez l’Echangeur by BNP Paribas Personal Finance. Nous en sommes au même moment que l’était l’e-commerce de 1996. Il n’y a pas de règles prédéfinies, c’est le Far West avec beaucoup de fantasmes mais il y a définitivement des choses à créer. »
Ainsi, sur Decentraland, un Domino’s Pizza a créé un magasin virtuel où les gamers peuvent commander des pizzas dans le monde virtuel et se faire livrer physiquement chez eux. Autre exemple, un concert a été organisé au sein du jeu Fortnite. 12 millions de personnes ont assisté à l’évènement et cela a généré 3 millions de dollars de vente de produits dérivés. Des résultats plutôt tangibles pour une opération 100 % virtuelle.
Qu’est ce qu’un metavers, un NFT ou encore la blockchain ?
Les metaverses sont des mondes virtuels collectifs, connectés et immersifs. Entièrement numériques, ils permettent d’interagir avec d’autres personnes et avec des objets numériques grâce à des représentations virtuelles ou avatar. Véritable reconstruction du monde réel, le metavers possède sa propre devise unique qui permet à ses utilisateurs de faire des transactions dans cet univers. Ils ne sont pas interopérables.
Un NFT est un fichier numérique possédant un certificat d’authenticité numérique qui le rend unique et non interchangeable. En obtenant un NFT, un acheteur devient le propriétaire exclusif d’un bien numérique qui peut être un jumeau numérique d’un produit physique ou encore un pass pour accéder à d’autres choses.
La blockchain est une technologie qui permet de garder la trace d’un ensemble de transactions, de manière décentralisée, sécurisée et transparente, sous forme d’une chaîne de blocs numériques. Cette technologie offre de hauts standards de transparence et de sécurité car elle fonctionne sans organe central de contrôle. Plus concrètement, la blockchain permet à ses utilisateurs - connectés en réseau - de partager des données sans intermédiaire.