Quel est l’impact de la crise sanitaire sur les habitudes de paiement ?
Par Clotilde Chenevoy | Le | Paiement
Selon le rapport de l’observatoire de la sécurité des moyens de paiement, la crise sanitaire a favorisé l’usage des moyens de paiement digitaux, notamment le paiement sans contact. Côté fraude, cela reste stable, sauf pour le chèque.
Un coup d’arrêt brutal. Les données de l’observatoire de la sécurité des moyens de paiement mettent en évidence que les Français ont clairement ralenti sur leurs dépenses pendant le premier confinement, qui s’est déroulé du 17 mars au 11 mai 2020. Et ce, qu’importe l’option de règlement choisie. En avril, les retraits d’espèces ont chuté de 70 % et l’usage des cartes bancaires de quasi 50 %. Le redressement des flux post confinement a été progressif et hétérogène. On est à -5 % de baisse du nombre d’opérations scripturales par rapport à 2019 en juin
Autre effet de la crise sanitaire, à plus long terme celui-là, les Français se tournent désormais davantage vers les paiements dématérialisés. Toutes méthodes confondues (virement, prélèvement, carte paiement à distance et paiement sans contact en point de vente), ils représentent plus de 60 % des achats, et le taux a même dépassé les 65 % pendant le confinement.
Boom du paiement sans contact
Le baromètre de l’Observatoire des moyens de paiement démontre bien la percée du paiement sans contact. Ce mode de règlement a été dopé grâce à deux facteurs. Le plafond a été relevé de 20 euros, pour passer de 30 à 50 euros, à partir du 11 mai. Ce changement permet ainsi de rendre éligible au sans contact plus de 70 % des paiements par carte en magasin. Par ailleurs, pour limiter les contacts, les enseignes ont massivement incité leurs clients à favoriser cette option pour régler leurs achats. Ainsi, au mois de Juillet, la part de sans contact a atteint 30 % des paiements.
La fraude reste stable sauf pour les chèques
Concernant la fraude, l’année 2019 sera marquée par deux tendances. La première, le chèque enregistre une progression significative et continue de fraude, devenant le moyen de paiement le moins sur alors qu’il est de moins en moins utilisé et non exposé à l’international. Le montant moyen de fraude se monte à 2940 euros.
La seconde porte sur le niveau de fraude pour les prélèvements, les virements et les paiements par carte qui reste stable et maitrisé. Concernant le règlement par carte bancaire, 70 % des vols sont réalisés lors d’achats e-commerce.
Si les taux de fraude sont en baisse, à part pour le chèque, et affichent désormais des chiffres très bas, ils restent néanmoins trop élevés au goût du gouvernement et de l’Europe car les volumes sont conséquents. C’est dans cet esprit qu’est née la directive DSP2 qui doit venir renforcer la sécurité des paiements en ligne. Elle vient, entre autres, imposer une double authentification lors du paiement et c’est désormais la banque de l’acquéreur qui « décide » si la transaction est sécurisée ou non. Auparavant, les enseignes supportaient elles-mêmes la fraude.
Pourtant elles préféraient subir certains vols plutôt que d’imposer trop de manipulations à leurs clients et ainsi risquer un abandon de panier. Les instances européennes ne pensent pas la même chose… « Depuis le 1er octobre toutes les transactions e-commerce d’un montant supérieur à 2000 € et n’ayant pas fait l’objet d’une authentification, font, a minima, l’objet d’un soft decline, détaille Mercatel, association professionnelle spécialiste des sujets paiements dans le commerce et la distribution. Ainsi, ces transactions ne sont plus autorisées mais peuvent être »rejouées« automatiquement sous condition de réalisation d’une authentification. Et depuis le 5 janvier 2021, cette règle sera étendue aux transactions supérieures à 1 000 €. »