Maxi Zoo : « Nous pouvons atteindre au minimum 700 à 800 points de vente en France »
Par Dalila Bouaziz | Le | Enseignes
Jan Wejbrandt, CEO de Maxi Zoo et juré de la Nuit du Commerce Connecté, analyse le marché de l’animalerie en France. Après une forte croissance durant le Covid, le secteur ralentit, impacté par l’inflation. Maxi Zoo poursuit son expansion avec 50 nouveaux magasins cette année et se distingue par ses services et sa formation. Entretien.
Quel est l’état du marché de l’animalerie en France
Nous venons de traverser une période très prospère. Pendant la période du Covid, de nombreuses personnes se sont retrouvées confinées chez elles, ce qui a provoqué un fort engouement pour passer plus de temps avec des animaux de compagnie. Beaucoup de foyers ont ressenti le besoin d’adopter un animal, d’où une très forte croissance du marché, notamment dans le secteur non alimentaire. Plus les gens étaient à la maison, plus ils avaient besoin de jouets, d’accessoires et autres articles pour leurs animaux.
Le marché de l’animalerie en France affiche une croissance régulière de 2 à 4 % par an.
Après cette période, le marché a commencé à ralentir. Les événements géopolitiques et la forte inflation sont venus perturber la situation. Jusqu’à environ un an, le marché a continué de connaître des taux de croissance inattendus. Aujourd’hui, nous revenons à des croissances plus modérées, mais il est important de souligner que le marché de l’animalerie reste plus stable comparé au secteur du retail en général, qui souffre énormément. En excluant les quatre années Covid, le marché de l’animalerie en France affiche une croissance régulière de 2 à 4 % par an. Environ 50 % des foyers possèdent un animal, un taux qui avait augmenté pendant le Covid mais qui est désormais revenu à son niveau pré-pandémique.
Et qu’en est-il de Maxi Zoo ?
Comme tous les acteurs du marché, Maxi Zoo a bénéficié de la période du Covid de forte croissance (Maxi Zoo a réalisé un chiffre d’affaires de 538 millions d’euros en 2023. Le groupe Fressnapf, maison-mère de Maxi Zoo France, a enregistré un chiffre d’affaires record de 4 milliards d’euros, en hausse de 475 millions d’euros, NDLR). Cette année est plus difficile que les précédentes, surtout dans le secteur non alimentaire. Avec l’inflation, les foyers français sont soumis à une pression sur leur pouvoir d’achat. Ils doivent faire des choix, et s’ils continuent à bien nourrir leurs animaux, ils sont plus réticents à renouveler des articles comme les gamelles, laisses, jouets ou couchages.
À la fin de cette année, nous aurons ouvert 50 magasins supplémentaires par rapport à 2023, avec près de 380 points de vente, ce qui augmentera naturellement notre chiffre d’affaires. Nous enregistrons une petite croissance à surface comparable, mais une croissance plus significative en termes de surface totale.
Justement, où en êtes-vous dans le développement de votre réseau de magasins ?
Notre ambition est claire : nous voulons être proches de tous les propriétaires d’animaux en France. Concrètement, cela signifie avoir un magasin à 20-25 minutes maximum de chaque foyer possédant un animal de compagnie. Pour y parvenir, nous devons poursuivre notre plan d’expansion.
En 2025, nous prévoyons d’ouvrir entre 60 et 70 magasins supplémentaires. Nous pouvons atteindre au minimum 700 à 800 points de vente en France.
Quels sont vos principaux axes de différenciation ?
Notre capacité de conseil. En tant que spécialiste, nous sommes l’unique acteur en France à avoir notre propre académie de formation. Tous nos conseillers de vente passent par cette académie, avec un programme de formation de 300 heures. Cela nous permet de garantir un haut niveau d’expertise reconnu par nos clients, nos concurrents, ainsi que nos fournisseurs.
Maxi Zoo est aussi le seul acteur ayant une présence nationale, à la fois physique et digitale. D’autres acteurs ont des solutions digitales ou des réseaux de magasins, mais aucun n’offre une telle couverture nationale couplée à un site marchand spécialisé dans l’animalerie. Nos magasins sont un autre facteur de différenciation. Le nouveau concept déployé depuis un an et demi apporte plus de modernité et offre davantage d’espaces pour accompagner et conseiller nos clients dans le soin de leurs animaux de compagnie.
Pouvez-vous nous en dire plus sur la formation et l’engagement de vos collaborateurs ?
Nous mettons un point d’honneur à développer une véritable culture d’entreprise vécue au quotidien, pas seulement affichée sur un mur. Cette culture repose sur deux piliers : le bien-être de l’animal et le bien-être de l’humain. Pour que cette culture soit réellement vécue, elle doit être incarnée par la direction, et se retrouver dans les magasins. Nos collaborateurs sont fidèles à Maxi Zoo grâce à cette culture d’entreprise forte.
Nous offrons également de nombreuses opportunités de promotion interne, grâce à notre expansion rapide qui crée de nouveaux postes.
Pouvez-vous nous expliquer les objectifs de l’initiative « Happy Radio », un podcast destiné à vos équipes et diffusé en magasin en dehors des heures d’ouverture ?
Nous utilisons ce podcast autour de trois axes principaux. Premièrement, il sert à la communication interne, permettant ainsi aux équipes de recevoir des messages de la direction sur l’évolution des stratégies, les résultats de l’entreprise, et sur des sujets d’actualité. Deuxièmement, il est utilisé pour la formation des équipes. Nos employés passent beaucoup de temps en magasin avant et après les horaires d’ouverture pour approvisionner les étagères. C’est donc un moment idéal pour leur transmettre des informations via le podcast. Ainsi, l’Académie interne se charge de cette partie.
Le troisième axe concerne la culture d’entreprise. Par exemple, lorsqu’il y a de nouvelles tendances, nous pouvons créer un podcast à ce sujet, et les équipes l’écoutent pendant qu’elles s’occupent des rayons. Cela rend une tâche parfois répétitive beaucoup plus agréable, car elles peuvent se concentrer sur l’apprentissage de nouvelles choses, comme des tendances ou des aspects liés au mode de vie et à l’alimentation.
Quelles sont les attentes des clients en termes de parcours et d’expérience en animalerie ?
Les clients souhaitent être plus inspirés et découvrir des produits qui enrichissent leur relation avec leurs animaux. C’est pour cette raison que nous avons repensé notre concept de magasin, en utilisant des matériaux plus respectueux de l’environnement et en créant des espaces plus ouverts, notamment pour les produits non alimentaires. Nous avons également introduit des zones dédiées à la santé animale, regroupant des produits adaptés à diverses pathologies. Cette refonte nous permet de mieux répondre aux attentes des clients tout en les aidant à mieux prendre soin de leurs animaux.
Nous avons aussi priorisé les espaces non alimentaires pour améliorer la qualité de vie des animaux, tout en conservant une offre alimentaire complète placée au fond du magasin. À l’avant, les clients peuvent découvrir des articles comme des couchages, des fontaines à eau, des jouets, etc.
Et concernant les services ?
Nous avons lancé un service de téléconseil vétérinaire. Ce service permet aux clients de consulter un vétérinaire via une vidéoconférence pour obtenir des conseils sur l’alimentation, le mode de vie ou d’autres besoins de leurs animaux. Ce service vise à rassurer les propriétaires, car environ 80 % des consultations vétérinaires concernent des visites de routine. Ce téléconseil permet d’éviter le stress des déplacements et des consultations inutiles. Ces consultations permettent de répondre à des questions sur l’alimentation, le bien-être ou le mode de vie de l’animal. Dans la majorité des cas, les vétérinaires parviennent à rassurer les clients.
Dans les autres cas, si des signes préoccupants apparaissent lors de la visioconférence, ils recommandent une consultation physique chez un vétérinaire pour un examen approfondi.
Nous lancerons prochainement une solution de mutuelle pour les animaux.
Ce service est disponible depuis peu, il est important de noter nous ne ne délivrons pas d’ordonnance, et qu’il pourra encore évoluer avec les retours d’expérience des clients. Nous avons également développé des services de toilettage dans nos magasins, et lancerons prochainement une solution de mutuelle pour les animaux.
Qu’en est-il des ventes en ligne ?
Nous avons pris du retard sur le développement de notre site e-commerce, que nous avons lancé en pleine crise Covid en 2020. Notre priorité reste le conseil en magasin. Le site marchand est une réponse aux attentes des clients, mais ce n’est pas notre principal axe de développement. Nous continuons à développer des services en ligne, comme le click & collect, mais notre stratégie reste principalement axée sur le développement physique. Nous réalisons néanmoins un chiffre d’affaires en ligne à deux chiffres.
Comment intégrez-vous les enjeux environnementaux dans votre stratégie ?
Nous avons toujours été sensibles à la question environnementale. Par exemple, nous avons été parmi les premières enseignes à réduire la consommation de papier, avec une baisse de 70 % depuis 2016.
Nous développons également des gammes de produits éco-responsables, tant avec nos marques nationales qu’avec nos marques propres. Nos produits sont fabriqués avec des matériaux biodégradables, et nous testons également des solutions logistiques plus respectueuses de l’environnement, comme des camions électriques ou des biocarburants.
Quels sont vos enjeux actuels ?
La formation des équipes est un défi essentiel. L’entreprise cherche à recruter des collaborateurs qui partagent une passion pour les animaux et qui ont une véritable volonté d’accompagner et de conseiller les clients. Il est primordial de maintenir une qualité de service élevée, tout en préservant l’identité et la culture de l’entreprise malgré sa croissance rapide. Il s’agit de s’assurer que les valeurs de Maxi Zoo ne se perdent pas en cours de route, et que les collaborateurs restent pleinement engagés dans cette mission.
L’expansion géographique représente un autre défi important. Maxi Zoo souhaite être facilement accessible pour les foyers français ayant des animaux de compagnie. Cela implique de trouver des emplacements stratégiques pour les nouveaux magasins, ce qui peut parfois être complexe.