Stratégie retail

Hôtellerie française entre résilience et boost olympique en 2024

Par Dalila Bouaziz | Le | Enseignes

Après une année 2023 exceptionnelle, marquée par des records de recettes et une hausse généralisée des indicateurs de performance, l’industrie hôtelière française continue de prouver sa résilience en 2024. Le secteur reste dynamique, soutenu par les perspectives des Jeux Olympiques des grands événements internationaux en 2025.

Les recettes touristiques internationales ont atteint 63,5 milliards d’euros en 2023. - © D.R.
Les recettes touristiques internationales ont atteint 63,5 milliards d’euros en 2023. - © D.R.

L’année 2023 a été marquée par des résultats historiques pour l’industrie hôtelière française, indique l’étude menée par KPMG. Les recettes touristiques internationales ont atteint 63,5 milliards d’euros, soit une hausse de 12 % par rapport à 2022, selon la Banque de France. Ce niveau record a été porté par le retour massif des touristes internationaux, stimulé par la reprise des voyages post-Covid et l’organisation de grands événements sportifs, tels que la Coupe du Monde de Rugby.

Cette dynamique a permis aux hôtels de France d’afficher une hausse généralisée de leur RevPAR (revenu par chambre disponible), un indicateur clé de performance dans l’hôtellerie. Les prix moyens des chambres ont augmenté entre 4 % et 12 % selon les catégories d’hôtels, compensant ainsi la hausse des charges d’exploitation, liée en partie par l’inflation. Avec cette augmentation des prix, les niveaux de Résultat Brut d’Exploitation (RBE) ont dépassé ceux de 2022, illustrant la résilience du secteur.

Sur le plan de la fréquentation, le nombre de nuitées hôtelières a progressé de 3 % par rapport à 2022, se rapprochant presque du niveau de 2019, année de référence avant la pandémie (-1 % seulement). Les taux d’occupation ont augmenté dans l’ensemble des segments, à l’exception des hôtels 5 étoiles, où la part de la clientèle internationale est plus prépondérante et plus volatile.

2024 : un premier semestre contrasté

Le premier semestre 2024 s’avère plus mitigé pour l’hôtellerie française. Le nombre total de nuitées consommées a reculé de 2,2 % par rapport à la même période en 2023. Cette baisse est essentiellement due à une diminution des nuitées domestiques (-3,6 %), tandis que les nuitées des touristes étrangers ont légèrement augmenté (+0,3 %).

Le secteur a également été influencé par une météo peu favorable, les week-ends d’élections et un report des départs estivaux, en particulier pour les vacanciers français. Le mois de juin a vu une chute notable du taux d’occupation à Paris, avec un recul de 13 points par rapport à 2022. La baisse s’explique par un report de voyages d’affaires et de loisirs, qui a impacté les performances hôtelières en début de saison.

L’effet des Jeux Olympiques

Les JO dont les épreuves ont débuté en juillet 2024 a permis de redresser la barre. À partir du 24 juillet, soit deux jours avant la cérémonie d’ouverture, les hôtels des zones hôtes ont enregistré un bond des nuitées : +12 % pour la clientèle française et +16 % pour la clientèle internationale. Ces performances, concentrées sur les lieux des épreuves (Île-de-France et autres grandes métropoles), ont contribué à équilibrer les résultats estivaux. Au global en juillet, les nuitées marchandes et non-marchandes de la clientèle nationale ont diminué de 6 %, tandis que celles de la clientèle européenne et internationale se maintiennent au même niveau.

Les perspectives pour l’arrière-saison et pour 2025 s’annoncent prometteuses.

Une attractivité maintenue malgré un contexte économique complexe

En dépit d’une conjoncture moins favorable, l’hôtellerie française continue de séduire les investisseurs. Bien que le volume des transactions hôtelières ait baissé de 12 % en France en 2023 (2,1 milliards d’euros), il reste supérieur de 4 % à la moyenne des dix dernières années.

À l’échelle européenne, le volume total des transactions hôtelières a diminué de 14 % en 2023, reflétant une tendance générale de ralentissement de l’activité sur le continent. Toutefois, la France se distingue comme l’un des marchés les plus robustes, avec un parc hôtelier qui bénéficie d’une demande soutenue, notamment dans les grandes métropoles touristiques.

De nouvelles tendances

L’industrie hôtelière continue de se réinventer pour répondre aux attentes d’une clientèle de plus en plus exigeante. Les séjours axés sur le bien-être connaissent un succès croissant depuis 2022. En 2023, les spas hôteliers ont affiché des niveaux d’occupation sans précédent, reflétant l’engouement des clients pour ces expériences. Bien que cet élan se soit ralenti en 2024 sous l’effet de l’inflation, la demande reste forte et les établissements rivalisent d’innovation pour fidéliser cette clientèle, notamment avec des offres de médi-spas, des retraites détox et des séjours combinant sport et bien-être.

Les séminaires résidentiels « au vert » connaissent également une forte progression. Ces événements, prisés des entreprises pour des réunions ou des sessions de formation en lien avec la nature, sont de plus en plus populaires. Ce segment de marché est en pleine expansion, avec de nouveaux opérateurs offrant des séminaires haut de gamme en petit comité, combinant affaires en semaine et loisirs le week-end.

Les palaces et hybrid’ho(s)tels, des segments en croissance

Le marché des palaces français, malgré une baisse de leur taux d’occupation global en 2023 (sauf à Courchevel), a enregistré une nouvelle hausse des prix moyens (+25 % en moyenne), portant les RevPAR en progression de 20  %. En 2023, le chiffre d’affaires des palaces français a augmenté d’environ 15 % par rapport à 2022. Les résidences de tourisme urbaines, notamment en Île-de-France, ont connu une forte hausse des prix (+15 à +21 %), dépassant les niveaux prépandémiques de 2019.

Les « Hybrid’ho(s)tels », des établissements hybrides combinant hôtels économiques et hostels nouvelle génération, continuent leur expansion rapide. En 2023, ces établissements ont affiché des taux d’occupation élevés, atteignant 83 % à Paris et 73 % en région. Ce segment devrait poursuivre sa croissance avec plus de 2 200 lits supplémentaires attendus d’ici 2028, reflétant la forte demande pour ce type d’hébergement innovant et économique.

Méthodologie :

L’étude « L’Industrie Hôtelière Française » de KPMG examine les ratios d’exploitation et de gestion pour l’année 2023, couvrant près de 43 % du parc hôtelier homologué en France, soit plus de 3 100 hôtels représentant 245 000 chambres. Cette étude dresse également un bilan des dynamiques de la demande pour 2023 et 2024, ainsi que des évolutions en matière d’investissement, de valorisation des établissements hôteliers, et des tendances renforçant l’industrie de l’hospitalité après la crise du Covid.