Stratégie retail

À Puteaux, mon-marché.fr teste l’ancrage local pour consolider son modèle


Deux mois après l’ouverture de son deuxième point de vente physique en région parisienne, mon-marché.fr tire les premiers enseignements d’un format pensé pour conjuguer proximité, fraîcheur et rentabilité rapide. À Puteaux, l’enseigne capitalise sur son ADN digital tout en affinant les leviers d’un modèle urbain hybride, avec en ligne de mire un déploiement maîtrisé.

En seulement 2 mois, le trafic est déjà comparable à celui du magasin parisien de la rue Lecourbe. - © Nicolas Boivin
En seulement 2 mois, le trafic est déjà comparable à celui du magasin parisien de la rue Lecourbe. - © Nicolas Boivin

Derrière sa large façade vitrée, le nouveau magasin mon-marché.fr de Puteaux, ouvert le 25 janvier, a déjà trouvé son public. Situé au 55 rue Jean Jaurès, au cœur de la ville, le point de vente attire une clientèle fidèle. À peine franchie l’entrée, le client est plongé dans l’univers du frais : étals de fruits et légumes brumisés, rayons de boucherie et poissonnerie, sans oublier une véritable boulangerie, et les promotions du moment. Rien ne laisse supposer que ce lieu n’était, il y a encore quelques mois, qu’un entrepôt de préparation des commandes en ligne. Installé dans l’ancien « QG du Goût » de l’enseigne, le magasin de Puteaux incarne une mue stratégique : passer d’un entrepôt à un commerce de centre-ville.

Un mouvement amorcé rue Lecourbe, à Paris 15e, avec une première ouverture en 2024, mais qui prend ici une nouvelle dimension. Le concept reste le même : libre-service, fraîcheur et promesse de qualité accessible. « À Puteaux, on a ressenti une vraie demande pour un accès direct aux produits, sans passer uniquement par la commande en ligne. L’emplacement s’y prêtait, et l’équipe locale était déjà en place. Il nous a semblé évident de transformer ce site en magasin », explique Laura Hoffmann, directrice générale de Mon-marché.fr, jeune enseigne née dans le giron de Prosol, maison mère de Grand Frais. Résultat : en seulement deux mois, le trafic est déjà comparable à celui du magasin parisien de la rue Lecourbe, pourtant ouvert depuis près d’un an. Avec un panier moyen supérieur et une rentabilité quasi atteinte, le test semble déjà validé.

Une stratégie urbaine, recentrée sur les fondamentaux

Le format ne surprendra pas les habitués de Grand Frais, mais il a été adapté aux contraintes et attentes du centre-ville. L’assortiment est plus resserré — environ 2 000 références contre 3 000 sur le site — avec un recentrage affirmé sur les produits frais. Les rayons épicerie et non-alimentaire, eux, restent disponibles en ligne pour éviter de surcharger les linéaires. « Nous avons voulu nous recentrer sur notre cœur de gamme : les produits frais », explique Laura Hoffmann. Les produits d’épicerie, d’hygiène et d’entretien sont présents en ligne, mais l’offre en point de vente se concentre sur l’essentiel du quotidien.

La priorité : regrouper sous un même toit la diversité et la profondeur des produits frais. Le rayon fruits et légumes à lui seul compte 300 références, renouvelées chaque jour. C’est l’un des piliers de l’offre. « On y retrouve les incontournables du quotidien, mais aussi des produits plus rares comme le cédrat, le combava ou le citron caviar… Cela participe à notre différenciation », souligne la dirigeante. La fraîcheur est visible : les salades sont livrées le matin après avoir été cueillies la veille, et les nébulisateurs renforcent cette sensation d’un marché permanent.

Autour de cette “halle végétale”, les autres rayons — boucherie, crèmerie, charcuterie, fromagerie, traiteur — bénéficient des filières développées en propre par Prosol, avec une sélection rigoureuse. « Nous ne raisonnons pas en volume ou en standardisation. Nous cherchons avant tout des producteurs qui savent travailler leur produit, quelle que soit la taille de leur exploitation », affirme Laura Hoffmann. La fromagerie, par exemple, va au-delà des classiques en proposant des affinages maison. En crèmerie, exit les grandes marques nationales : l’enseigne mise sur la qualité brute.

Un nouveau levier de trafic : la Boulangerie du Marché

Grande nouveauté à Puteaux : la présence pour la première fois d’une Boulangerie du Marché adossée au magasin. Ce concept, lancé par Prosol en 2021 et déjà présent dans une quinzaine d’adresses, repose sur une production sur place, en libre-service, avec du pain, des viennoiseries, des pâtisseries et une offre snacking pour le déjeuner. Ouverte tous les jours, elle attire une clientèle de quartier, générant un trafic complémentaire. « C’est un vrai plus pour fidéliser les clients, et répondre à leurs besoins du quotidien. Ils apprécient de pouvoir repartir avec leur pain, en même temps que leurs fruits ou leur viande », analyse la dirigeante.

Ce corner s’inscrit pleinement dans la logique de mon-marché.fr : créer un écosystème de consommation centré sur le frais, mais pensé pour les usages urbains.

Un modèle économique affûté

L’autre réussite de ce deuxième magasin tient à la solidité du modèle économique. Chaque magasin passe ses propres commandes, ajustées aux besoins réels pour limiter les invendus et le gaspillage. Le personnel est recruté localement, avec une équipe calibrée pour gérer à la fois la surface de vente et les services omnicanaux. Le magasin compte six caisses seulement. Et le « Clic & Cueillette » fonctionne à plein régime.

« Nous avons beaucoup travaillé notre rentabilité, notre logistique, nos outils de prévision. Aujourd’hui, nous avons un modèle qui tient la route, avec une base clients solide », affirme Laura Hoffmann. Le magasin de Lecourbe a dépassé les 9 millions d’euros de chiffre d’affaires, et Puteaux pourrait suivre le même chemin.

L’omnicanalité comme colonne vertébrale

En ligne, mon-marché.fr continue d’étendre sa couverture : tout Paris est livré, ainsi qu’une centaine de villes autour, principalement dans l’Ouest francilien. Le panier moyen en ligne atteint 110 € TTC, avec une fréquence de deux commandes par mois en moyenne. À l’inverse, en magasin, les courses sont plus orientées vers le dépannage ou la fraîcheur immédiate.

Un client sur trois utilise les deux canaux, signe que l’enseigne réussit à créer une habitude multicanale. Pour encourager cette fidélité, un programme a été lancé début janvier sur le site : 2 points par euro dépensé, avec des cadeaux réguliers dès 1 000 points accumulés. « C’est encore en ligne uniquement mais l’objectif est de l’élargir aux magasins », indique la dirigeante. Par ailleurs, le site continue d’enrichir ses gammes, avec du bio à l’essai, et un élargissement aux produits d’entretien et d’hygiène, ainsi qu’à quelques références de marques nationales. Une stratégie mesurée, mais cohérente avec l’ambition : devenir l’enseigne de référence pour les courses alimentaires hebdomadaires en zone urbaine.

Un déploiement maîtrisé

L’ouverture de Puteaux n’est pas un coup isolé. D’autres emplacements sont à l’étude en Île-de-France, avec une priorité donnée à Paris et à la petite couronne et une équipe dédiée. Les critères : des zones denses, un bon emplacement de centre-ville, et une surface d’environ 500 m². « Nous voulons aller vite, mais bien. L’idée n’est pas de multiplier les points de vente à tout prix, mais de construire un réseau solide, rentable et fidèle à notre ADN », résume Laura Hoffmann.