Livraison en navette autonome : les premiers retours de Carrefour
Par Guillaume Trecan | Le | Supply chain
Après 3 mois de test de livraison par navette autonome, sur le plateau de Saclay, Nicolas Safis, directeur de l’innovation du groupe Carrefour, revient sur les premiers enseignements.
Qu’est-ce qui a motivé le test de livraison en véhicule autonome et comment il se déroule ?
Comme chaque innovation, le point de départ de ce test est la volonté de mieux servir les consommateurs. En l’occurrence, nos clients qui aujourd’hui sont encore peu desservis par l’e-commerce ou par les magasins de proximité. En d’autres termes : aller chercher ce dernier kilomètre encore plus loin en France.
Notre premier retour d’expérience nous montre que ce service séduit majoritairement des étudiants.
Les consommateurs commandent sur Carrefour.fr ou l’application Carrefour et choisissent simplement “Drive Mobile Saclay”. La navette autonome, composée de dix-huit casiers, part ensuite de notre drive de Massy et parcourt les sept kilomètres et demi qui la séparent du plateau de Saclay, où elle stationne deux heures par jour, du lundi au vendredi, de 17 heures à 19 heures. Les clients sont avertis de l’arrivée de leur commande par SMS. Ils se rendent au point de stationnement de la navette, tapent leur code pour récupérer leurs courses dans des casiers. A 19 heures, la navette repart stationner sur notre parking de Massy.
La navette stationne entre le campus universitaire et les sièges sociaux de plusieurs entreprises. Les étudiants sont très sensibles à ce service et à son prix, qui est celui du drive. Les employés de bureau peuvent aussi venir récupérer leurs courses à la fin de leur journée, avant de rentrer chez eux. Notre premier retour d’expérience nous montre que ce service séduit majoritairement des étudiants.
Qui sont les prestataires impliqués dans ce test ?
Notre principal interlocuteur est Goggo Network, qui gère toute la logistique entre le point de chargement et le point de livraison. Nous avons aussi beaucoup travaillé en amont avec Milla, une start-up basée au Mans, qui a conçu la navette et l’a assemblée. Nous avons notamment imaginé ensemble le design des casiers, en fonction du volume moyen de commandes estimé sur la base d’une étude consommateur. Le safety driver, quant à lui, est un collaborateur de Milla, et nous continuons évidemment à échanger avec la start-up sur de nombreux aspects.
Ce test a été lancé le 5 décembre et nous statuerons prochainement, pour savoir s’il est prolongé et, si il l’est, dans quelles conditions
Qu’avez-vous validé à ce jour dans le retour d’expérience ?
Ce test a été lancé le 5 décembre et nous statuerons prochainement, pour savoir s’il est prolongé et, si il l’est, dans quelles conditions. A l’heure actuelle, nous avons remarqué l’appétence du client, ce qui était le plus important. La navette est remplie à 100 % et, s’il est théoriquement possible de commander le matin même du jour de livraison, elle est actuellement pleine entre deux et trois jours à l’avance. Dès la mise en place de ce service nous avons enregistré un grand nombre de commandes. Le taux de satisfaction des clients est très élevé.
Nous avons également validé la fiabilité technologique de ce service de navette autonome, ce qui n’est pas anodin sachant que c’est une première en France. Nous sommes capables, sur toute la durée du parcours, de fonctionner en conduite autonome. C’est un parcours sur route publique sur laquelle la navette est capable d’aller jusqu’à 70 kms/heure dans des conditions de trafic habituel. La loi impose la présence d’un safety driver susceptible de reprendre les commandes, mais celui-ci ne touche ni le volant, ni les pédales. Enfin, nous avons également validé notre capacité opérationnelle à opérer un nouveau service. Nos collaborateurs qui opèrent au drive de Massy chargent les casiers en tapant un code, qu’ils reçoivent sur leur tablette, pour les déverrouiller.
Que reste-t-il à valider ?
Nous devons valider notre capacité à déployer cette navette plus largement. Saclay bénéficie, quant à elle, de facilités législatives et régulatoires, dans le cadre du consortium 5G Open Road, destiné à développer la 5G et les nouvelles mobilités. La question de l’évolution du cadre législatif se posera demain, si nous voulons déployer un tel service à Nantes, Marseille ou encore Lyon.
Pour faire rouler une voiture autonome aujourd’hui il faut obtenir des autorisations de la part des pouvoirs publics - ministères, préfectures, conseils régionaux, communautés d’agglomération, municipalités… - en fonction des zones empruntées par le véhicule. Pour obtenir ces autorisations, il faut que le véhicule soit homologué, il faut respecter la plage horaire et l’itinéraire définis à l’avance. C’est un triptyque véhicule, plage horaire, itinéraire.
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