Auchan mise sur l’automatisation pour booster son e-commerce au Luxembourg

Auchan Retail franchit une nouvelle étape au Luxembourg en s’équipant, pour la première fois, d’un système Skypod, à Dudelange, à quelques kilomètres de la capitale. Ce dispositif innovant, conçu par Exotec, start-up originaire de Croix, dans le nord de la France, marque un tournant pour le distributeur dans sa quête d’efficacité logistique. Le système, pensé pour optimiser la logistique e-commerce des produits secs du retailer, embarque un peu plus de 200 mètres de convoyeur, 37 robots Skypod qui se déplacent de façon autonome sur un petit circuit pour extraire les nombreux produits stockés dans plus de 15 000 bacs ; ainsi que plus de 25 000 caisses Auchan, le contenant de la livraison client.

L’installation consiste en des racks double profondeur de 12 mètres de haut, comprend trois stations de préparation avec order mover (mécanisme conçu pour améliorer l’efficacité du traitement des commandes) et occupe à peine plus de 749 mètres carrés de surface de sol. Auparavant, l’activité produits secs en couvrait pas moins de 2 200 sur les 20 000 mètres carrés d’espace disponible. Un atout pour Auchan qui a pu dégager des espaces importants pour son activité e-commerce qui s’étale dans l’ensemble sur 3 000 mètres carrés. « Nous voulions un système qui nous apporte énormément de densité et nous donne les moyens d’augmenter le rendement de l’activité et sa qualité », indique Martin Delattre, responsable des opérations logistiques d’Auchan Luxembourg.

Il nous a fallu jongler, déplacer certaines activités et faire preuve d’ingéniosité. Lorsque les travaux se sont terminés, nous avons connu aussi une petite période de transition pour déplacer, univers par univers, ce qui devait l’être encore

Tandis que son système Skypod était installé, les activités sur site se poursuivaient. « Il nous a fallu jongler, déplacer certaines activités et faire preuve d’ingéniosité. Lorsque les travaux se sont terminés, nous avons connu aussi une petite période de transition pour déplacer, univers par univers, ce qui devait l’être encore. Nous n’avons jamais arrêté de servir les clients en mettant en place le système. C’était une condition non-négociable », pointe Nicolas Gueuzurian, directeur marketing et e-commerce d’Auchan Luxembourg.

Le Skypod vient augmenter la capacité de stockage de l’entrepôt de 17 %. Quelque 9 000 références de produits secs y sont stockées et ce sont, en tout et pour tout, plus de 900 lignes commande qui peuvent être préparées chaque jour. Avant l’installation de la solution d’automatisation d’Exotec, « seules » 105 lignes de commande pouvaient être traitées chaque heure, contre plus de 300 désormais. « Que ce soient pour le drive ou la livraison à domicile, le nombre de commandes peut évidemment varier. En moyenne, pour le moment, nous traitons environ 550 lignes de commande par jour, mais l’installation nous permettra d’absorber une hausse d’activité future. Elle a été dimensionnée de la sorte », explique Martin Delattre, qui précise que 2 000 références de produits secs supplémentaires ont été ajoutées à la gamme depuis l’été 2024.

Au total, ce sont désormais 160 000 commandes de produits secs qui pourront être préparées chaque année à partir de l’entrepôt de Dudelange, lesquelles sont livrées via des points de distribution dans tout le Grand-Duché. Selon leur localisation dans le territoire et leur taille, les sites, qui servent de hub pour la livraison à domicile, peuvent être livrés entre trois et six fois par jour. « Les premiers départs s’effectuent aux alentours de 7h du matin et les derniers à 17h », expose Martin Delattre. Les gains de productivité en réception sont tout aussi importants : avec le Skypod, 60 lignes peuvent désormais être traitées chaque heure désormais, contre 25 auparavant.

Un déploiement qui vient couronner une stratégie global

Pour Auchan Retail Luxembourg, le déploiement d’un système Skypod dans son entrepôt de Dudelange s’inscrit dans un vaste projet de refonte de sa stratégie qui vise à dénicher de nouveaux leviers de croissance. La filiale luxembourgeoise compte trois hypermarchés et désormais sept points de retrait Auchan Drive, dont trois récemment inaugurés, sans oublier le développement d’un drive en entreprise. Avec l’apparition de la pandémie de Covid en 2020, Auchan Luxembourg a vu son activité e-commerce exploser. L’e-commerce (drive et livraison confondus) a longtemps été en croissance et s’est désormais stabilisé après l’ouverture récente d’un hypermarché, représentant 7 % des ventes du retailer au Luxembourg.

L’une des bases de ce projet est l’implémentation d’un nouveau WMS, Magistor logiciel édité par Savoye

Dès lors, Auchan Luxembourg a voulu accélérer sur le commerce en ligne et mieux adresser les enjeux qui lui sont liés. Le site web Auchan Drive a fait l’objet d’un travail changement approfondi, les méthodes de paiement ont également été revues et les bornes sur points de retrait ont été enlevées. L’optimisation de la logistique a été l’autre pan de ce vaste projet structurant, démarrant à l’origine avec le déploiement d’un nouveau WMS. « L’une des bases de ce projet est l’implémentation d’un nouveau WMS, Magistor logiciel édité par Savoye. Le retour d’expérience de nos confrères de Chronodrive (NDLR : qui fait partie du groupe Auchan) nous a convaincu d’aller vers cet outil », souligne Nicolas Gueuzurian.

Il n’en demeure pas moins que d’autres paramètres majeurs ont poussé Auchan Luxembourg à optimiser et automatiser son activité e-commerce sur les produits secs. « Nous sommes dans un pays où le plein emploi est une réalité, de fait nous sommes confrontés à d’importantes tensions sur le recrutement », a notamment indiqué Nicolas Gueuzurian. Auchan Luxembourg a mis un point d’honneur à améliorer les conditions de travail des 60 personnes qui opèrent sur le site. Une manière de fidéliser son personnel, qui comprend autant de femmes que d’hommes.

« Nous faisions face à un important turn over à une époque. Et nous avons pensé qu’une solution comme celle proposée par Exotec allait contribuer à le réduire. Avant l’installation de la solution, nos opérateurs sur site pouvaient marcher jusqu’à 15 km par jour, sans oublier le port de charges lourdes. Aujourd’hui, ils n’en font plus que 3 ou 4 par jour. Une telle solution change tout pour eux », assure-t-il. Concernant la manutention justement, sur la sortie de convoyeurs, un système de rotation des opérateurs a été instauré et le poids des caisses n’excède pas 8 kilos. « Informatiquement, des découpes sont effectuées pour éviter que les caisses ne soient trop lourdes, aussi bien pour nos collaborateurs que pour nos clients. Cela nous permet de leur éviter de soulever des charges trop importantes », développe Martin Delattre.

Un projet RH avant tout

Ce projet a évidemment nécessité un important travail de conduite du changement, de formation et d’accompagnement. Nicolas Gueuzurian et ses équipes ont d’ailleurs veillé à ce que les opérateurs soient impliqués dans toutes les étapes du processus, long de trois ans et achevé à l’été 2024 avec la mise en route de la solution. Ainsi, les salariés sur site ont par exemple été invités à valider certains aspects du projet et à visiter d’autres sites dans lesquels un Skypod a été disposé. Ces derniers ont ainsi pu se rendre sur le site de Brétigny de Decathlon, autre géant de la galaxie Mulliez, pour s’imprégner de la solution. Les opérateurs ont par la suite été invités à partager leurs ressentis sur le projet, leurs idées afin de permettre à Auchan Luxembourg et Exotec de modeler et designer la solution comme il se doit. Autre promesse faite par la direction : chaque emploi sur site sera maintenu.

« Il est important de rappeler qu’aucun individu qui travaille au sein du centre logistique n’a vu, ne voit et ne verra son emploi menacé par l’installation du Skypod. Le projet n’avait été entériné que lorsque nous avions validé notre projet de développement. Cela nous a permis de garantir chaque emploi sur notre site et de répondre aux interrogations des partenaires sociaux et de nos collaborateurs. Cela nous a facilité les choses et nous a permis de fluidifier le dialogue », se félicite Nicolas Gueuzurian.

Alors qu’Auchan Luxembourg faisait face à un important turn-over sur son site, le retailer assure désormais que le phénomène s’est considérablement réduit. Les conditions de travail se sont en effet nettement améliorées grâce à ce projet. « Exotec nous permet aussi de réduire les heures de nuit. Auparavant, la réception s’opérait de nuit et la préparation en journée. Aujourd’hui, nous sommes en mesure de tout faire dans la journée. Une journée de travail type démarre à 5h du matin quand, avant, elle démarrait à minuit. Et cela n’a pas de prix pour nos collaborateurs », illustre le directeur marketing et e-commerce.

Un cas qui pourrait donner quelques idées au sein du groupe

Pour le reste, l’activité fruits et légumes ainsi que celle du surgelé continuent de leur côté sur un modèle de picking manuel. Bien que se prêtant dans l’absolu à la mécanisation, le frais ne fera, pour l’instant, pas l’objet de changement. Les volumes et le type d’activité ne le justifient pas, mais, surtout, l’espace dans lequel l’activité s’opère ne le permet pas. « La hauteur sous plafond dans cette partie de l’entrepôt n’est pas suffisante pour installer un système mécanisé ou automatisé comme celui d’Exotec. Par ailleurs, l’activité de type flux-tendus ne nous permet pas de stocker massivement. Nous recevons des livraisons de chaque produit tous les jours. Le rythme de travail est donc très élevé puisque nous ne stockons pas les produits. Une solution de ce type n’a donc pas grand intérêt, mais rien n’est acté et nous déciderons peut-être à l’avenir de recourir à un autre système qui nous aide à améliorer la qualité et la fiabilité du processus de préparation des commandes », synthétise Martin Delattre. Ce dernier et Nicolas Gueuzurian l’affirment : l’installation de ce système d’automatisation sur le site logistique de Dudelange va de toutes les manières constituer un tournant pour le groupe Auchan « Il est clair que nos collègues vont nous observer. Reste à savoir si ce qui est valable ici l’est aussi ailleurs », conclut le premier.

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