Le supermarché en ligne PicNic lève 600 millions d’euros et séduit la fondation Bill & Melinda Gates
Par Clotilde Chenevoy | Le | E-commerce
Le néerlandais PicNic vient de réaliser sa 5e levée de fonds auprès de ses investisseurs historiques et de la fondation Bill et Melinda Gates. L’opération doit lui permettre d’investir dans ses infrastructures, de la robotisation et le recrutement de talents.
C’est sans nul doute un nouveau record pour le secteur du retail. PicNic, le supermarché en ligne originaire des Pays-Bas qui a démarré en juin un premier test en France, annonce une levée de fonds de 600 millions d’euros.
Il s’agit de la 5e opération financière pour le pure player qui a de nouveau séduit les 4 family office investisseurs de la première heure. Ces derniers avaient déjà injecté 10 millions d’euros en 2015, 35 millions d’euros en 2016, 100 millions d’euros en 2017 et 250 millions d’euros en 2018. Et pour ce nouveau tour à 600 millions d’euros, PicNic a séduit la fondation Bill et Melinda Gates. Aucun détail n’est en revanche donné sur le niveau de répartition entre les différents intervenants ni entre les différents pays où le pure player est présent.
En 4 à 5 mois, nous avons atteint 12 % de pénétration du marché à Valenciennes avec principalement du bouche-à-oreille.
La somme levée doit permettre à PicNic d’accélérer son développement, en investissant dans ses infrastructures et ses équipes, avec à plus long terme l’objectif d’ouvrir d’autres pays. « Notre but est de devenir le leader européen des supermarchés en ligne, mais nous nous concentrons en premier lieu sur les Pays-Bas, l’Allemagne et la France », souligne Grégoire Borgoltz, responsable croissance et distribution de PicNic France.
Construction de nouveaux sites en France
Rappelons que la méthode du néerlandais est bien rodée et repose sur une organisation logistique pointue pour maîtriser ses coûts de fonctionnement avec un service client soigné (Lire les 6 éléments qui transforment la relation client chez PicNic). Un centre de préparation vient alimenter des hubs qui eux-mêmes livrent les commandes aux clients en véhicule électrique selon une tournée précise.
En France, un test a été mené depuis juin 2021 dans les Hauts-de-France avec un centre de préparation à Anzin et un hub à Frétin. Il y a quelques jours, PicNic a annoncé la fin du test pour passer à un déploiement complet. En effet, d’une dizaine de livraisons par semaine avant l’été, le pure player en compte désormais 1500. « En 4 à 5 mois, nous avons atteint 12 % de pénétration du marché avec quasiment que du bouche-à-oreille, détaille le responsable. Nous verrons si les consommateurs seront aussi réceptifs à Lille où nous ciblons 10 % de taux de pénétration. »
Ainsi, trois nouveaux hubs vont être créés pour attaquer Lille et sa région.« Nous avons trouvé les lieux, l’ouverture se fera dans les semaines à venir, précise Grégoire Borgoltz. Et d’ici fin 2022, nous allons toucher une dizaine d’autres villes dans les Hauts-de-France, un centre de préparation peut alimenter un hub dans un rayon de 150 kilomètres. »
PicNic compte également sortir des Hauts-de-France mais le responsable annonce que le choix n’est pas encore tranché sur le fait de toucher plusieurs « petites » villes, dupliquant le modèle de Valenciennes par exemple en Bretagne, ou d’aller toucher la banlieue parisienne. « Il faut 6 mois pour ouvrir un centre de préparation, nous devons nous décider vite pour être en place avant l’été 2022 », détaille le responsable.
De la robotisation à venir
Grégoire Borgoltz annonce également l’arrivée d’un troisième centre de préparation, qui lui sera robotisé. PicNic a ouvert en 2020 en Allemagne, à Utrecht, son premier site du genre. La plate-forme de 42 000 m² a été dotée des solutions de TGW Logistics Group, dont l’élément central est un magasin automatique de navettes comprenant 40 allées et plus de 200 000 emplacements de stockage.
Le site dispose aussi d’un système de chargement robotisé co-développé par TGW Robotics et Picnic pour permettre de charger et de décharger rapidement les véhicules de livraison électriques. L’objectif de ces sites d’un nouveau genre consiste à absorber davantage les coûts pour gagner en rentabilité. Cette approche n’est pas sans rappeler Ocado pour l’alimentaire ou encore Amazon pour le non-alimentaire.
Recrutement de talents
La levée de fonds doit aussi permettre à PicNic France d’étoffer ses équipes. « Nous étions deux en janvier, nous sommes désormais une centaine de personnes, majoritairement sur la logistique, précise le responsable. Nous devons renforcer les équipes terrain et aussi au siège pour gérer l’immobilier, le commerce ou encore les opérations. » Et Grégory Borgoltz de conclure : « nous avons deux défis majeurs à relever : trouver les bonnes personnes à recruter et identifier les bons emplacements. »