E-commerce : +20,4 % de croissance sur le premier trimestre 2022 vs 2019
Par Clotilde Chenevoy | Le | E-commerce
Les chiffres e-commerce du premier trimestre 2022 de la Fevad démontrent que les ventes en ligne restent toujours aussi fortes malgré un retour à la normal côté commerce. Les habitudes prises pendant le covid ont perduré, notamment pour l’alimentaire avec le boom de la livraison à domicile.
Le gouvernement vient d’autoriser la fin du masque presque partout et on pourrait presque imaginer qu’on entre dans une ère post-covid. Du côté des résultats e-commerce pour le premier trimestre 2022 dévoilé jeudi 19 mai par la Fevad, un retour à la normal s’esquisse avec la reprise de la vente de services nettement.
Cette catégorie avait drastiquement chuté avec la crise sanitaire, la croissance avait été portée uniquement par les produits. Or, sur le premier trimestre de l’année, les ventes de services redeviennent majoritaires et représentent 56 % du chiffre d’affaires. Si on ajoute les produits, le secteur du e-commerce (produits et services) a progressé de 11,8 % en un an et atteint 32,5 milliards d’euros sur la période. La croissance est même de 20,4 % comparé au T1 2019.
Et malgré un retour à la normale du côté des commerces, clairement de nouvelles habitudes d’achat ont été prises. « Si l’e-commerce est en croissance régulière depuis des années, le covid a fait découvrir ce canal à de nouveaux consommateurs ou développer son usage à d’autres catégories pour ceux déjà clients », analyse François Momboise, président de la Fevad. Et Marc Lolivier de préciser : « La croissance est de 20 % entre 2019 et 2022. La tendance de début 2022 suit le même rythme que 2021. Les habitudes prises pendant le covid sont restées. »
Parmi les chiffres clés de la période, citons un panier moyen qui s’établit à 62 euros pour 527 millions de transactions globales (+5,4 %).
Des changements dans le Top 20
Du côté des audiences, Médiamétrie a révélé le classement du top 20 des sites e-commerce en France. Le trio de tête reste identique avec Amazon, Leboncoin et Cdiscount. Vinted grapille encore des pages vues, se positionnant à la 4e place. Le plus gros mouvement sera l’explosion de ManoMano qui gagne 7 places… L’engouement pour la rénovation de l’habitat persiste. L’étude FMB/Inoha a chiffré que le marché du bricolage a atteint 34 milliards d’euros, pour une croissance de 10,2 % en 2021 %. Deux enseignes font leur entrée dans le classement : le pure player phénomène Shein ainsi qu’Ikea France.
Xavier Lemuet, directeur Ad’hoc et grandes enquêtes de Médiamétrie, souligne également l’excellente performance de Lidl qui progresse le plus en visiteurs unique par jour. Le distributeur se positionne même comme la première GSA sur mobile. Rappelons que Lidl n’a pas d’e-commerce en plus… « Il y a une vraie notion de pouvoir d’achat qui est un vrai driveur dans l’e-commerce alimentaire », assure le directeur.
La livraison à domicile plus que jamais dans le quotidien des Français
L’e-commerce alimentaire a sans nul doute été celui qui a connu le plus de transformation en deux ans. Après les records de 2020, la France enregistre selon Nielsen une croissance de 11 % en 2021. Kantar, de son côté, confirme aussi cette tendance sur le globe. « La phase de recrutement intervenue en 2020, notamment après des seniors, s’est conclu en 2021 par une phase de fidélisation, explique Sarah Duchazeaubeneix, directrice de clientèle internationale, NielsenIQ. 58 % des nouveaux acheteurs de 2020 sont revenus en 2021. Cela représente 3,3 millions de foyers. Par ailleurs, toutes les catégories de PGC FLS progressent. »
58 % des nouveaux acheteurs de 2020 sont revenus en 2021. Cela représente 3,3 millions de foyers.
Du côté des canaux, toutes les solutions se développent, du click and collect au dark store en passant par le drive. Ce dernier moyen de retrait connait un léger recul sur 2021 (-6 % dans les 30 plus grandes agglomérations) mais « reste toujours à un haut niveau plus haut que 2019 », précise la directrice. La livraison à domicile s’installe plus largement dans le quotidien des Français avec des paniers plutôt définies. Ainsi, la GSA s’impose pour les gros paniers et truste 48 % du marché, suivi des pures players (26 % de PDM), de la food delivery (hors préparation de repas) (14 % de PDM) et quick commerce (12 %).
Les résultats pointent aussi une certaine fragmentation du marché e-commerce alimentaire avec des acteurs spécialisés qui s’imposent. Citons ainsi La Belle Vie pour les fruits et légumes, Maxicoffee pour le café ou encore UltraPremium pour le petfood.
A Paris, la folle croissance du quick commerce
Nielsen a poussé son analyse sur la zone parisienne. Et sur ce secteur, le quick commerce a connu une percée phénoménale, devenant derrière les GSA le deuxième acteur avec 24 % de PDM et grimpe sur la première place pour une livraison le jour même avec 49 % de PDM.
Pour le reste de l’année, Sarah Duchazeaubeneix reste optimiste : « les ventes alimentaires en e-commerce devraient à nouveau atteindre des records cette année, avec une hausse qui approchera +2 % sur l’ensemble de l’année. Néanmoins, le contexte international actuel fragilise les prévisions ; le niveau d‘inflation notamment, aura son rôle à jouer, avec une concurrence accrue des magasins discount. »
A titre d’exemple, à produits comparables, Aldi et Lidl se trouvent déjà 20 à 30 % moins chers que des acteurs de quick commerce, et le positionnement prix pourrait s’avérer un réel frein pour les quick commerçants si davantage de foyers se retrouvaient contraints de réduire leurs dépenses.