Quatre innovations pour un commerce sans contact
Le | Omnicanal
La vie sans contact fait-elle des heureux ? Elle stimule en tout cas l’émergence de nouveaux services. En voici 4 présentés par Elisabeth Menant, Service & Digital Trends Analyst au sein de l’Echangeur BNP Paribas Personal Finance.
La vie sans contact fait-elle des heureux ? Quand il s’agit de faire ses courses en ligne, de gérer son budget ou accomplir à distance des démarches administratives, de payer à distance…, 1 Européen sur 5 cite la praticité pour qualifier positivement le sans contact, selon L’Observatoire Cetelem de la Consommation 2021, « Le sans contact prend la main sur nos vies ».
Ce chiffre souligne que le consommateur est sensible à la facilitation, prêt à s’approprier toute solution qui peut l’aider à récupérer ou économiser de précieuses minutes, notamment sur des activités qu’il juge à faible valeur ajoutée.
29 % des Français, Belges, Italiens et Espagnols sont d’ailleurs tout à fait d’accord avec l’affirmation « J’ai besoin de vivre en me facilitant l’existence au maximum », ce pourcentage atteignant 42 % pour les familles aisées, très engagées digitalement qui n’hésitent pas à adapter le Click & Collect, le Drive ou le showrooming à leurs parcours d’achat, selon l’Access Panel Echangeur BNP Paribas Personal Finance 2020.
Les acteurs du digital ont compris depuis longtemps cette aspiration du consommateur et poursuivent ce mouvement de suppression des contraintes, boosté par une vie sans contact amplifiée par la crise sanitaire.
Des achats sans essayage avec Snapchat et Fit Analytics
Première innovation : utiliser Snapchat pour choisir les vêtements et les chaussures les plus adaptés. Pour cela, Snap a acquis la startup allemande Fit Analytics afin d’aider les consommateurs à trouver les articles de la bonne taille auprès des détaillants comme Asos, North Face, Patagonia, Puma etc. Grâce au machine learning, la technologie de Fit Analytics fait correspondre les dimensions saisies par l’utilisateur avec les bonnes références pour un ajustement optimal. Autre acquisition, celle de la célèbre application Screenshop. Vous aimez une tenue portée par un(e) passant(e) dans la rue ? Prenez-la en photo puis téléchargez là sur le réseau social et vous obtiendrez des recommandations pour des produits similaires.
Les réseaux sociaux continuent leur transformation en plateforme de Social Commerce à l’heure où 53 % des jeunes adultes inactifs de moins de 30 ans sont sur Snapchat (versus 19 % moyenne France) et plus globalement, 82 % des français sont inscrits sur au moins un réseau social, selon l’Access Panel Echangeur. Le social shopping n’est plus uniquement l’affaire de la Chine.
Des drones pour une livraison devant chez soi avec Wing
Deuxième innovation : réceptionner ses cookies par drone. Wing, la filiale d’Alphabet (Google) a proposé de soutenir les Girls Scouts de la ville de Christiansburg en Virginie en proposant de déposer à la maison leurs fameux biscuits, les activités de vente à domicile étant encore limitées. Christiansburg, ville de 220 000 habitants, se définit comme l’épicentre de l’essai de livraison par ce moyen aérien le plus avancé aux Etats-Unis. Cette expérimentation à l’échelle a commencé il y a maintenant plus d’un an et demi. Les habitants y sont plutôt favorables puisque 87 % d’entre eux déclarent en avoir une opinion positive.
La perception de ces nouveaux modes de livraisons, du drone aux robots ou véhicules autonomes, est donc en train de changer. Ils ne sont plus vus comme de simples gadgets mais comme des services capables d’intervenir rapidement sur des lieux isolés et dans des contextes difficiles. La livraison par drone a gagné ses lettres de noblesse et les distributeurs pourraient se doter d’un service express de premier secours !
Une livraison là où je me trouve avec Weezy
Troisième innovation : recevoir un article commandé en ligne où je veux. A Londres, le supermarché en ligne Weezy s’est associé à what3word. L’innovation consiste à diviser le monde en une grille de 3m carrés et à donner à chacun une adresse unique, composée de trois mots du dictionnaire. Au moment du départ de la commande Weezy, les clients doivent simplement ajouter leur adresse what3words et peuvent être livrés où qu’ils soient, à l’extérieur de leur maison, dans les parcs et espaces verts propices à la détente pour par exemple, déjeuner sur le pouce.
Les enjeux autour de la livraison sont donc immenses et pourraient dessiner un territoire où le commerce n’est plus qu’un simple système d’algorithmes performants répondant aux besoins du consommateur et venant à sa rencontre.
Payer son parking via Google Maps
Quatrième innovation : payer son parking à partir de Google Maps. Dans 400 villes à travers les Etats-Unis, dont Los Angeles, New York ou Boston, les conducteurs peuvent payer leur frais de stationnement directement via l’application de cartographie. Un simple bouton « Pay for Parking » apparaît alors sur Maps. Maps permettra également d’acheter des billets pour 80 lignes de transport en commun dans le monde, sans quitter le service. Avec l’accélération d’un commerce algorithmique, la transaction se fond de plus en plus elle aussi dans le parcours du consommateur et prendra des formes inédites. Les cryptomonnaies ne sont plus très loin !
Si le sans contact continue de progresser, c’est bien parce que le consommateur veut retrouver plus de temps pour lui, ses loisirs, sa famille et les relations sociales. A cela, se rajoute un autre facteur sociologique : le temps de vie consacré au travail n’est plus que de 10 %. La part de temps libre dans la société est donc de plus en plus importante ! Quel sera le visage de la société de consommation et du retail au regard de ces deux tendances ?
A propos de l’auteur :
Diplômée de Polytech Angers, Elisabeth Menant a 20 d’expérience professionnelle dédiée à l’innovation et la prospective qu’elle a exercée au sein du Groupe Galeries Lafayette, de LaSer et depuis 2011 au sein de l’Echangeur BNP Paribas Personal Finance. Elisabeth continue à explorer avec les clients de l’Echangeur la transformation du retail avec un double regard éditorial et business.