Longchamp centralise la gestion de ses paiements pour optimiser ses coûts
Par Clotilde Chenevoy | Le | Encaissement
Longchamp a entamé un chantier paiement au niveau groupe pour migrer tous ses flux vers un unique prestataire, avec à la clé, d’importantes économies d’échelle. Retour sur cette opération.
Europe, Amérique du Nord, ou Asie, Longchamp séduit les consommateurs dans le monde entier, la marque de luxe est distribuée dans 25 pays. Elle a progressivement ouvert des points de vente dans le monde pour atteindre aujourd’hui un réseau de 350 boutiques. Côté encaissement, chaque filiale était historiquement autonome et s’occupait donc de choisir les moyens de paiement ou encore sa banque. En 2020, Longchamp a décidé d’ouvrir un chantier paiement pour réaliser des économies d’échelle. « Nous avons rédigé un cahier des charges pour trouver un partenaire unique web et retail pour gérer nos flux omnicanaux et avec un périmètre de pays couvrable le plus large possible, tout en ayant une capacité d’accompagnement », rappelle Benoît Schmid, responsable IT chez Longchamp. La marque de luxe a retenu Adyen et les premiers déploiements ont démarré en 2021.
C’est un chantier très lourd que la marque de luxe a entamé, même si celle-ci reste discrète sur ses chiffres. D’ailleurs pour le responsable IT, « pour déployer avec succès ce type programme, il est indispensable de disposer de solides sponsors IT et financiers au siège, et que les filiales jouent le jeu. » Dans le cas de Longchamp, le projet a été poussé par le directeur général, ce qui favorise l’alignement des équipes…
Un changement de tous les TPE
Dans cette recherche de simplification et de centralisation des paiements, Longchamp a investi dans le changement de tous ses TPE. Une opération qui demande la planification d’un technicien pour les 350 points de vente dans le monde. Les équipes de vente ont, elles, reçu un book de formation pour connaître les nouveautés. Mais peu de formation était nécessaire. En effet, le système retenu est plus simple à gérer, avec une bascule du montant automatique sur le TPE, sans choix de carte. « C’est plus facile pour les collaborateurs à gérer car il y a moins d’opérations à faire et le paiement est intégré pour tous les pays », précise le responsable.
La France a ainsi été le premier pays à migrer et la bascule s’est ensuite faite progressivement, pays par pays. Le projet n’a, en revanche, pas encore été finalisé, le contexte de pandémie mondial est en effet venu perturber la fourniture de composants pour les TPE… « Notre objectif était de déployer rapidement les plus grosses géographies - la France, l’Allemagne, l’Italie, le Royaume-Uni, la Suisse, Singapour et la Malaisie - pour atteindre un seuil de chiffre d’affaires et générer des économies », indique Benoît Schmid. Là encore, Benoît Schmid reste discret sur les montants, indiquant qu’on parle de plusieurs millions d’euros et qu’en décembre 2022 ce sont plus de 150 000 transactions qui ont transité via Adyen. Quant aux gains générés, principalement sur le taux de commission, « ils sont très intéressants », se montant à plusieurs centaines de milliers d’euros et les investissements pour changer les TPE ont été amortis dès la première année.
Des gains organisationnels réels mais difficiles à chiffrer
Côté organisation, Longchamp se réjouit également ne plus disposer que d’un seul contrat avec des sous-contrats par pays, et un support en adéquation avec le niveau de connaissance des pays. « Cela facilite les discussions », estime le responsable. Notamment sur les moyens de paiement à adopter. Ainsi, une sélection a été définie par le siège, qui inclut une dizaine de solutions en boutique, et encore davantage en e-commerce. Chaque pays peut ensuite, selon ses particularités locales, y ajouter 4 à 5 autres moyens de paiement. Cette amélioration des échanges représente d’ailleurs une autre source de gain pour le groupe. Il y a besoin de mobiliser moins de ressources humaines sur le pilotage des paiements, que cela soit au sein des filiales ou au siège pour les opérations de réconciliation bancaire par exemple. En revanche, ces gains restent plus compliqués à mesurer car il s’agit de réallocation de main d’œuvre.
Nous réfléchissons à la mise en place de nouveaux services autour du paiement et la mobilité va arriver prochainement.
Si tous les pays ne sont pas encore sous contrat Adyen, Longchamp a entamé de nouvelles réflexions autour du paiement et des services. La marque de luxe n’a pas de seconde main ou d’offre de location, mais s’intéresse davantage au Buy Now Pay Later. « Nous proposons déjà ce moyen de paiement, l’idée est d’étoffer l’offre », souligne Benoît Schmid.
Les prochains développements portent également sur la mobilité en magasin des vendeurs. « Nous n’avions pas franchi le pas jusqu’ici, indique le responsable IT. La difficulté étant le TPE, assez lourd, et la liaison avec le smartphone qui doit être stable. Si le vendeur doit réinitialiser une connexion bluetooth devant un client, ce n’est pas acceptable. Nous testons aux Etats-Unis une solution qui repose sur une connexion IP et qui permet d’utiliser la puce sans contact pour la transaction en mode Tap to pay ou encore le wallet d’un client. C’est une vraie révolution pour nous. » Longchamp est en version test et imagine une généralisation si la robustesse de la solution est bien démontrée.