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Maud Funaro (Groupe Printemps) : « Le lancement de Second Printemps a été réussi »

Par Clotilde Chenevoy | Le | Seconde main

Maud Funaro, directrice générale de la transformation du groupe Printemps, se réjouit du succès rencontré avec Second Printemps, son activité de seconde main lancée en propre. Retour sur ce nouveau business et les prochaines pistes d’évolution.

Maud Funaro (Groupe Printemps) : « Le lancement de Second Printemps a été réussi »
Maud Funaro (Groupe Printemps) : « Le lancement de Second Printemps a été réussi »

Le 21 septembre, le groupe Printemps a inauguré 7e Ciel, un nouvel espace dans son magasin Haussmann qui n’avait pas été ouvert au public depuis les années 1960. L’espace de 1300 m² a été entièrement rénové pour pouvoir accueillir une nouvelle offre : la seconde main.

L’enjeu derrière ce projet consiste à répondre aux nouvelles attentes sociétales et aussi à générer du trafic à l’heure où la crise sanitaire a fait baisser les fréquentations dans les commerces. « Nous devons redevenir un lieu de destination différenciant et l’espace 7e Ciel est un lieu de vie unique au monde, assure Maud Funaro, directrice générale de la transformation du groupe Printemps. Par ailleurs, l’offre répond à un thème essentiel et qui va se généraliser : la circularité des produits. Nous avons pris le parti de traiter ce sujet de façon différente en opérant nous même le service. Nous apprenons un nouveau métier. » C’est d’ailleurs l’un des premiers défis pour le grand magasin qui doit bousculer ses méthodes de travail. Par exemple, chaque pièce étant unique, il faut la référencer manuellement et créer de toute pièce une nouvelle fiche produit.

Produits neufs ou d’occasion, c’est avant tout du luxe

L’espace 7e Ciel se divise en deux parties, avec dans le fond une terrasse avec de la restauration. On entre par le Pont d’Argent où l’offre vintage Femme est présentée de la même manière que des produits neufs. Printemps a fait de l’upcycling pour le merchandising pour coller à l’esprit de cet étage et une décoration composée de 12 000 oiseaux en origami créé par l’artiste Charles Kaisin habille les airs. Un peu plus loin, l’espace sous la coupole Bignet, tout en lumière, est aussi très design. Il s’organise autour de 8 alvéoles dans lesquels sont accueillis des partenaires proposant des services - customisation ou réparation de sneakers ou vêtements - et des produits d’upcycling ou autres vêtements de seconde main. Au centre, l’espace vit au gré des conférences et autres animations sur le thème de la circularité.

Le soin accordé au design de l’espace est un autre point différenciant pour la directrice générale : « quand on vient au 7e Ciel, on ne vient pas acheter de la seconde main mais du luxe. Les produits vintages bénéficient du même traitement que les produits neufs. »

Printemps a réalisé un live shopping en présentant une robe Jean-Paul Gaultier accessoirisée avec divers articles vendus au Printemps et labelisé « unis vers le beau responsable », le label maison qui valorise les produits éco-responsables. - © Printemps
Printemps a réalisé un live shopping en présentant une robe Jean-Paul Gaultier accessoirisée avec divers articles vendus au Printemps et labelisé « unis vers le beau responsable », le label maison qui valorise les produits éco-responsables. - © Printemps

Des produits allant de 100 à 40 000 euros et Marie Blanchet aux manettes du sourcing

Concernant l’offre proposée par Printemps qui se situe sur le Pont d’Argent, les clients peuvent dénicher des pièces de seconde main d’exception avec des prix qui varient d’une centaine d’euros à 40 000 euros. En effet, certainement pour éviter toute concurrence avec l’offre située dans les étages en dessous, le retailer a fait le choix de proposer des vêtements d’exception avec souvent une histoire derrière chaque article. Il y a par exemple une saharienne portée Jane Birkin ou encore Le smoking Yves Saint Laurent immortalisé sur un cliché en 1975 par Helmut Newton.

Printemps a mis en place un service de dépôt d’articles de luxe limitée à une vingtaine de marques. - © Printemps
Printemps a mis en place un service de dépôt d’articles de luxe limitée à une vingtaine de marques. - © Printemps

Pour composer cette offre, Printemps s’est associé à Marie Blanchet, une experte du luxe vintage. « Nous lui avons donné un cahier des charges précis et elle a sourcé différentes pièces pour amorcer l’offre, précise Maud Funaro. Nous proposons depuis le lancement aux clients de venir rapporter leurs vêtements. Nous avons retenu une liste assez courte de marques pour les débuts. Nous l’informons tout de suite si le produite est a priori accepté, sous réserve d’authentification. Il sera ensuite authentifié et expertisé par un expert externe afin de fixer le prix de rachat. » Celui-ci est estimé en fonction du modèle, de sa valeur de revente et de son état. Si le client accepte le prix de reprise, il recevra un bon d’achat à dépenser au sein de l’enseigne.

« Nous sommes très contents des retours, se réjouit Maud Funaro. Le lancement du 7e Ciel et de Second Printemps a été réussi. Nous avons eu beaucoup de retombées après l’ouverture auprès des blogueurs et influenceurs. Quant au dépôt, depuis le lancement en septembre, environ un millier de pièces a été racheté. »

Un enjeu de digitalisation et d’élargissement

Si la rampe de lancement a été franchi avec succès, Printemps examine désormais les pistes d’élargissement possible, que cela soit dans les points de vente ou au niveau de l’offre, pour passer à l’échelle. « Le réseau se montre très demandeur, indique la directrice générale. Nous réfléchissons aux moyens de digitaliser l’offre ou encore d’accepter plus de marques. Nous devons aussi être plus proactifs dans les rachats auprès de nos clients. » Printemps teste par exemple avec ses personal shoppers et ses très bons clients un service de tri du placard. « Nous allons un cran plus loin dans la relation client avec ce service », pointe la dirigeante. Les experts mode du grand magasin aident ainsi aux renouvellements de la garde-robe tout en remplissant l’espace 7e Ciel.

Maud Funaro scrute également attentivement l’effervescence autour des NFT (Non Fongible Token) qui sont des certificats d’authenticité numériques avec lesquels une marque ou une enseigne peut interagir, en plus d’enregistrer diverses informations sur le produit. Ba&sh a par exemple décidé d’ajouter des NFT à tous les produits revendus via l’espace client de la marque sur des plates-formes. Un moyen de garder le contact avec le futur propriétaire du produit sans le connaître. « Il y a beaucoup de choses à imaginer avec le croisement des données clients et du produit, conclut Maud Funaro. Il faut sortir d’une simple logique transactionnelle pour tendre vers une approche qui tient en compte le client et le cycle de vie de l’article. »