La seconde main progresse aussi dans le meuble et le bricolage
Par Clotilde Chenevoy | Le | Seconde main
Ikea et Leroy Merlin avancent tous les deux leurs pions pour développer leur activité seconde main. Le premier en mode omnicanal, l’autre 100 % en ligne.
34 % des internautes ont acheté un produit de seconde main en 2021 selon Edouard Nattée, le fondateur de Foxintelligence : « cette typologie de produits représente une part croissante des interactions entre une marque et ses consommateurs ». Lors de sa présentation à l’occasion du salon One-to-one, il a ainsi illustré ses propos en citant le cas de la marque Sézane. Selon les données du panel de Foxintelligence, la seconde main ne cesse de croître depuis 2017. Ainsi, plus de la moitié des consommatrices de la marque en occasion achètent aussi du neuf. Et pour 75 % des acheteurs de Sézane, la première transaction portait sur de la seconde main.
La hausse des ventes de produits d’occasion ne concerne pas uniquement le textile. Dans les catégories plus matures comme le smartphone, les données de la start-up font apparaître que l’occasion monte jusqu’à 25 %. Et désormais, cette typologie de produits débarque également dans de nouvelles catégories comme le bricolage ou le meuble.
Leroy Merlin prépare son offre seconde main avec Cordon Group
Depuis le 21 octobre, Leroy Merlin propose un service de revente de produits d’occasion, accessible uniquement au format digital. « Notre ambition est de répondre aux attentes des habitants, nous a précisé un porte-parole de Leroy Merlin. Dans de nombreux secteurs, la seconde vie des produits devient une alternative attendue. Sur notre marché, nous continuons à ouvrir la voie en proposant un service qui vient compléter notre SAV, nos solutions de réparation et d’auto-réparation. A travers cette large palette, nous souhaitons être le référent de notre secteur en matière de durabilité. »
Notre objectif chez Leroy merlin ne se traduit pas en volume, mais en termes de satisfaction des habitants. L’enjeu est de continuer à être la marque que les Français préfèrent, celle que l’on choisit parce qu’elle s’engage, parce qu’elle apporte des solutions en phase avec les attentes de ses clients.
Au démarrage, le service est centré sur les perceuses, visseuses et perforateurs, avant de s’élargir à d’autres gammes d’outillage. La revente s’effectue dans un espace dédié, sur le site leroymerlin.fr ou sur l’application de l’enseigne. Le vendeur renseigne ses coordonnées et décrit l’état technique et esthétique de son produit. Il aura alors une proposition de reprise en ligne sous forme de carte cadeau à utiliser au sein de l’enseigne. Fin 2021, après avoir été reconditionnés par Cordon Group, ces derniers seront disponibles à l’achat sur la marketplace.
Les marques prennent la parole sur la seconde main
Constituer son offre et la certifier représentent deux axes stratégiques pour le développement d’une activité seconde main pour les retailers traditionnels. « 60 % des français se disent prêts à passer sur de l’achat de reconditionné sur le produit technique ou l’équipement de la maison, à condition de passer par un professionnel », nous a indiqué Katell Bergot, directrice seconde vie pour Fnac Darty dans une interview.
Les enseignes ont donc toute la légitimité pour prendre la parole sur ce sujet. D’ailleurs chez Ikea, pour venir grossir l’offre de seconde main, on sort l’artillerie lourde côté marketing et communication. Ainsi, du 10 au 28 novembre, l’enseigne de meubles suédoise organise une opération baptisée Green Friday pour inciter les consommateurs à ramener leur ancien meuble Ikea. On retrouve plus ou moins la même approche que chez Leroy Merlin. Tout se passe sur un site dédié pour l’estimation des articles, les clients recevant un avoir équivalent à 1,5 fois le montant de la reprise.
Ikea veut appliquer les services omnicanaux à la seconde main
Après estimation de leurs meubles Ikea en ligne, les clients obtiennent un QR code à présenter en magasin lors de la dépose du bien. En effet, la typologie des produits de l’enseigne impose une approche omnicanale. Expédier une bibliothèque par transporteur est une hérésie économique et écologique… Cela rajoute donc des contraintes opérationnelles dans chaque magasin mais l’enseigne a pensé son service en ce sens. Des espaces de seconde vie sont déjà installés dans certains magasins, comme l’avait repéré L’Echangeur BNP Paribas, et ils vont se généraliser.
Par ailleurs, au-delà de l’aspect logistique, Ikea s’empare de la seconde main à part entière en y ajoutant des services spécifiques omnicanaux. Ainsi, Ikea France testera dans l’année un magasin dédié à la seconde vie des meubles à Paris. Un projet qui a sens pour capter les produits des parisiens, plus habitués à commander en ligne qu’à se rendre en périphérie. Et côté digital, un service e-réservation de meubles disponible en point de vente a été ajouté. In fine, si les retailers tâtonnent encore sur le sujet, les derniers mouvements démontrent qu’ils recherchent tous une forme d’industrialisation pour faire rimer attente sociétale et bilan comptable positif.