Suppression du ticket de caisse : les Français favorables mais pas prêts
Par Clotilde Chenevoy | Le | Encaissement
A partir du 1er avril, l’impression systématique du ticket de caisse et de carte bancaire disparaîtra. Si les Français se disent favorables à cette législation, dans les intentions d’action, ils clament aussi haut et fort leur attachement au papier, selon une étude de Perifem et OpinionWay.
« Je vous envoie votre ticket sur votre adresse mail ? » « Vous souhaitez que je vous imprime votre ticket ? » Entendues chez Chausséa ou Picard à Boulogne-Billancourt, ces petites phrases lancées en caisse vont devenir une obligation légale à partir du 1er avril. En effet, à partir de cette date, la législation interdit l’impression automatique des tickets de caisse et des tickets de carte bancaire. Elle s’inscrit dans le cadre de la loi de 2020 relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire. L’objectif de la mesure est d’économiser du papier et de protéger la santé des consommateurs. On estime ainsi que 30 milliards de tickets sont imprimés chaque année soit 150 000 tonnes de papier consommées pour leur impression.
Cette mesure a imposé aux retailers d’ajuster leur système d’encaissement, notamment pour les caisses libre-service. Les documents pouvant être envoyés par mail, sms, QRCode en plus d’une version papier imprimée à la demande.
Mais qu’en pensent les Français ? Selon une enquête de Perifem, menée par OpinionWay, ils valident le principe et 85 % des consommateurs connaissent cette législation. Certainement parce que de nombreuses enseignes se sont déjà mis au diapason de la réglementation. D’ailleurs, 73 % sont favorables à la suppression du ticket de caisse et 69 % à celui par carte bancaire. Le document sert pour 9 Français sur 10 à vérifier le détail des achats en sortant du magasin. Et 89 % des sondés assurent garder des tickets de caisse en prévision d’échange ou si besoin de faire jouer la garantie.
Autrement dit, il y a une habitude bien ancrée chez les consommateurs qu’il sera certainement difficile à changer. En effet, l’étude de Périfem met en lumière que les Français continueront largement à demander l’impression d’un ticket papier dans de nombreuses situation d’achat : électroménager (92 %), achat d’un cadeau (87 %), article de maison (86 %) ou de mode (83 %) et bien entendu dans l’alimentaire (76 %). Et le montant ne rentre pas en ligne de compte, on est sur une question de principe et d’habitude.
L’enquête met aussi en exergue une certaine peur des consommateurs. Ainsi, un Français sur deux craint que certains magasins refusent de leur remettre un ticket papier sur demande.
Le ticket dématérialisé une solution si tant est que le parcours client soit fluide
Autour du ticket dématérialisé, on sent que les consommateurs ne veulent pas qu’on leur impose des contraintes à cause de cette législation. Ainsi, les deux tiers des Français craignent de recevoir des promotions non souhaitées en donnant leurs informations de contact à un magasin.
Pour autant, 59 % des Français seraient prêts à prendre une carte de fidélité, 53 % à scanner un QR code et 50 % à saisir leur adresse e-mail sur un dispositif en caisse. Mais si les Français acceptent ces nouveaux outils pour accéder à leur ticket, ils refusent majoritairement de dicter à l’oral leur numéro de téléphone (63 %) ou leur adresse e-mail (54 %). Globalement, communiquer des informations personnelles devant d’autres clients ou à un vendeur dérange 3/4 des Français (respectivement 76 % et 71 %), tandis qu’avoir un ticket en format papier rassure 71 % d’entre eux. Il revient donc aux enseignes d’ajouter dans leur parcours client une étape qui pourra rassurer les consommateurs, faute de quoi l’impression des tickets continuera.
« Cette étude montre à quel point les Français restent attachés à l’impression de leur ticket de caisse dans tous les achats de leur vie quotidienne, et ce quel que soit le montant, conclut Franck Charton, Délégué Général de Perifem. Si cet attachement se comprend bien au regard des inquiétudes liées à l’échange ou à la garantie, il s’explique encore plus concernant l’alimentaire par le besoin de contrôler ses achats dans un contexte inflationniste. »