Comment Petit Bateau a construit son offre de location
Par Clotilde Chenevoy | Le | Seconde main
Le 16 novembre, Petit Bateau ouvrira son service de location de vêtements bébé. Delphine Lebas, directrice RSE de la marque, nous détaille l’organisation mise en place et les ambitions de la marque en matière d’économie circulaire.
« Un bébé change 6 fois de taille entre 0 et 12 mois et nos produits ont une durée de vie supérieure à la durée d’usage. Pourquoi acheter et revendre alors que l’on peut louer. » Pour Delphine Lebas, directrice RSE de Petit Bateau, le service de location de vêtements bébé qui sera lancé le 16 novembre prochain est une évidence. Comme pour Decathlon, la marque entend même transformer son modèle économique en misant davantage sur l’économie circulaire. Guillaume Darroussez, CEO de Petit Bateau, a ainsi annoncé que 30 % de ses ventes porteront sur la seconde main d’ici 2030 et avec le service de location, dans lequel il a investi 150 000 euros, il veut devenir « le spotify du vêtement bébé. »
Un service géré en interne
L’offre de location se traduit concrètement pour le client par la souscription à des box, accessibles pour le moment uniquement en digital. 650 références couleurs sont proposées sur des produits essentiels pour le jour et la nuit. Il existe des box toutes prêtes et/ou les internautes peuvent choisir de les personnaliser. Les tarifs mensuels varient de 5 euros pour un body à 25 euros pour un manteau. Les box, elles, commencent à partir de 52 euros jusqu’à 85 euros par mois. « Nous avons la perception que les vêtements 1 mois seront loués pour 3 semaines ou encore que l’offre naissance sera surtout pour du dors bien, indique Delphine Lebas. Comme pour la seconde main, nous allons apprendre sur les attentes des clients au fur et à mesure. »
Le prix des box commence à partir de 52 euros jusqu’à 85 euros par mois.
Les clients peuvent renvoyer tout ou partie des vêtements qu’ils auront choisi sans minimum de jours de location. Le prix sera ajusté selon la durée, avec une facturation de la possession de l’article à la journée. En revanche, pour que le service ait du sens écologique et économiquement, Petit Bateau demande un panier de 30 euros et offre ainsi les frais logistiques. En dessous de ce seuil, 15 euros seront facturés.
Avant de renvoyer un article, les clients doivent laver les articles. Ils recevront des conseils pour l’entretien du linge et pourront contacter le service client en cas de tâches récalcitrantes. Mais Petit Bateau compte bien distinguer les problèmes survenus dans la vie normale d’un enfant de ceux qui résultent d’une dégradation anormale. Dans ce dernier cas, l’enseigne se réverse le droit de demander une compensation financière.
Une nouvelle logistique à construire
Pour gérer le vestiaire numérique de bébé, Petit Bateau s’appuie sur la brique logicielle de Lizee qui a conçu un Return Warehouse Management System (RWNS). En effet, la difficulté avec la location c’est la gestion du flux des marchandises qui entrent et qui sortent. Le reste de la prestation est en revanche intégralement assurée par le retailer.
Sur l’entrepôt de Troyes, 100m² ont été alloués à l’activité. Une proximité avec le stock central qui permet au spécialiste de la mode enfant de pouvoir très facilement effectuer du réassort ou ajuster l’offre en fonction de la rotation des pièces. Par ailleurs, Petit Bateau a investi dans des machines pour laver les articles et les désinfecter. « L’équipe qualité s’occupe de suivre de bout en bout le service, souligne la directrice RSE. La promesse que nous faisons aux clients c’est que les articles sont comme neufs et parfaits pour leurs enfants. Quand on va au restaurant ou à l’hôtel, les consommateurs se doutent bien qu’ils n’ont pas des couverts ou des draps neufs. Mais ce n’est pas un sujet, ils sont en parfait état. » Ces contraintes hygiéniques ont poussé Petit Bateau à n’ouvrir le service qu’en digital, les magasins ne pouvant eux-mêmes gérer les étapes de lavage et désinfection. Néanmoins « les équipes en magasin seront moteur de ce service pour le présenter et en parler à nos clients et demain nous souhaitons que les points de vente proposent ce service en plus de la centralisation logistique », précise la directrice RSE.
Une source d’approvisionnement pour la seconde main
Concernant la fin de vie des articles, Petit Bateau a théorisé l’exercice mais bien évidemment, il faudra confirmer avec la réalité. La promesse étant de louer des articles comme neuf, dès que les produits ne répondent plus à ce standard, ils seront sortis de la location. Les plus abîmés partiront pour du recyclage, le graal étant pour le retailer de pouvoir retravailler cette matière pour en refaire des fils. « Nous n’y sommes pas encore mais nous y travaillons », pointe Delphine Lebas. Les articles en bon état, eux, viendront approvisionner le flux des articles de seconde main.
Petit Bateau a accéléré sur le sujet en début d’année en ouvrant des corners de seconde main en boutique. 14 ont été installés, en plus du magasin de 400 m² près de l’usine de Troyes et depuis quelques jours un pop-up store a été ouvert rue Lescot à Paris. « Nous allons voir comment les clients réagiront avec la seconde main pour Noël », confie la directrice RSE.
Petit Bateau compte également étendre ce service à l’international dans ces boutiques. Ainsi, le Japon, deuxième pays le plus important après la France, lancera la seconde main d’ici la fin de l’année et l’Allemagne et l’Italie suivront en 2023. En France, la prochaine évolution sera l’arrivée du service l’an prochain sur le web. « Les clients pourront acheter des paniers hybrides, avec des produits neufs et d’occasion, détaille Delphine Lebas. Pour éviter des frustrations et éviter de refaire des photos des produits, nous ne proposerons en ligne que des articles de seconde main nickel avec les visuels génériques. »