YesYes joue la carte du made in France sur le marché du reconditionné
Par Clotilde Chenevoy | Le | Empreinte carbone
YesYes veut s’imposer sur le marché du reconditionné en misant sur une offre made in France et une approche omnicanale. Présentation du modèle avec David Mignot, co-fondateur.
1 Français sur 5 a déjà acheté un smartphone reconditionné selon une étude GfK de 2020. Chaque année, ce marché prend de l’ampleur alors que la vente de produits neufs se tasse autour de 16 millions d’unités. D’ailleurs, 51 % des Français se disent intéressés et prêts à acheter un smartphone reconditionné auprès d’un professionnel d’après le Baromètre Kantar TNS 2022 pour Recommerce.
Si Back Market s’est imposé sur ce marché avec sa marketplace, enchaînant les levées de fonds, de grandes manœuvres sont en cours du côté de la distribution pour s’imposer aussi sur ce marché. Récemment, Fnac Darty a annoncé devenir le réparateur officiel d’Apple tandis qu’Orange s’est lui rapproché de YesYes, réparateur et reconditionneur de smartphones.
Un fonctionnement en circuit court
Cette dernière entreprise, dont le nom a été choisi pour Yes j’achète, Yes je vends, a été créée en 2018 par des anciens de chez Sony qui nourrissent de grandes ambitions sur ce marché en pleine croissance en misant notamment sur la carte Made In France. « Le marché du reconditionné explose mais il n’y a aucune législation sur la réparation, la rénovation, le choix des pièces détachées et des accessoires, explique David Mignot, cofondateur de YesYes avec Christophe Perrin. Notre mission est de proposer du reconditionné bon pour la planète et bon pour le prix. Nous avons défini des procédures de réparation et rénovation et nous formons nos techniciens. Tous nos produits sont garantis deux ans. Nous avons éco-conçus nos accessoires et ceux pour Apple sont certifiés pour la marque. »
Dans sa démarche, YesYes mise sur le circuit court, se distinguant du modèle Back Market qui propose des articles du monde entier avec sa marketplace. « Sourcer sur les autres continents est un non-sens écologique », juge David Mignot. Le dirigeant tisse ainsi un réseau pour récupérer un maximum de téléphones en France avec l’objectif d’afficher un sourcing 100 % français. Une approche qui lui permet de tenir ses coûts avec une vente directe aux clients, sans régler de frais de commission à une marketplace ou réseau de distribution.
Création d’une première boutique à Caen
La société a franchi une nouvelle étape avec la création d’une première boutique à Caen fin janvier. « Nous doublons notre capacité de reprise avec un point de vente, indique le co-fondateur. Il offre aussi un gage de réassurance auprès des clients. »
La boutique de YesYes reprend le principe de la cuisine ouverte, les clients peuvent ainsi voir les techniciens à l’œuvre sur une partie de la surface de vente. Ces derniers ont été formés par l’entreprise qui travaille avec la mission locale, pôle emploi et un ESAT. « 60 % de nos employés sont en réinsertion et ils n’avaient jamais touché un téléphone, indique David Mignot. Nous voulons d’ailleurs créer une académie sur la réparation des produits. »
L’autre partie du magasin sert de showroom et d’accueil client. Le parti pris de YesYes est de traiter le smartphone reconditionné comme un bijou, avec une présentation sur un plateau de velours et le détail de toutes les opérations effectuées sur le produit. « Le prix moyen se situe tout de même autour de 400 euros », souligne le dirigeant.
Un atelier par région pour limiter l’empreinte carbone
L’ouverture de ce premier point de vente est un succès que les entrepreneurs souhaitent réitérer. « Nous voulons atteindre un maillage national avec un atelier par région, précise le co-fondateur. Là encore, l’idée est de raisonner en circuit court afin de limiter le transport des articles. C’est cohérent avec notre projet. Par ailleurs, nous voulons rester à taille humaine pour travailler la relation client. » Un enjeu clé pour le BtoC et aussi pour le BtoB. Les parcs de smartphones d’entreprises représentent un marché alléchant, où l’économie circulaire a du sens, avec à la fois la reprise de smartphones et de l’achat.
L’enjeu consiste à consolider le modèle omnicanal avec Caen avant d’accélérer le déploiement ou d’imaginer un modèle en franchise. Le chiffre d’affaires de YesYes était de 3 millions en 2021 et devrait atteindre 5 millions en 2022. Il se développera d’autant plus que si le smartphone représente le plus gros du marché, l’enseigne gère aussi les iPad et les consoles de jeux type PS4, Switch, Xbox. Elle a signé d’ailleurs un accord d’exclusivité avec Fnac pour récupérer les consoles. « Une réflexion est en cours pour traiter les Apple Watch et des produits audio », indique David Mignot. Le petit poucet du reconditionné français s’apprête donc à chausser ses bottes de sept lieues.