Pierre-Yves Escarpit (Cdiscount) : « nous testons un colis réutilisable »
Par Clotilde Chenevoy | Le | E-commerce
Cdiscount mise de plus en plus sur sa logistique qui devient un enjeu business B to B. Et pour les consommateurs, il entend faire la différence en valorisant davantage ses engagements RSE. Explications de Pierre-Yves Escarpit, directeur général adjoint de Cdiscount.
A fond dans les services. C’est un peu le leitmotiv de C-Logistics, la filiale dédiée à la supply chain de Cdiscount. Pierre-Yves Escarpit cumule ses fonctions de directeur général adjoint avec celle de dirigeant de la nouvelle structure.
Cette dernière se compose de trois piliers : la logistique propre à l’e-commerçant, l’offre de fulfillment pour les vendeurs de marketplace, et depuis peu, un service e-3PL, soit la prise en charge de la logistique e-commerce de d’autres retailers. Tous les investissements et tests menées pour la première activité vient nourrir les deux autres, ce qui contribue à rentabiliser les investissements et à améliorer la rentabilité de Cdiscount.
50-50 entre logistique externe et interne
L’e-commerçant change donc son modèle pour se tourner davantage vers le service avec C-Logistics ou encore Octopia, sa nouvelle filiale chargée de vendre des marketplaces clé en main, incluant donc le volet supply chain. Pierre-Yves Escarpit annonce vouloir atteindre une répartition de 50/50 entre flux interne et flux externe.
Côté consommateur, l’enjeu est de monter sur les sujets RSE et de valoriser les différentes actions menées comme la réduction de la taille des cartons qui a permis de gagné 40 % de gagner dans les 5 dernières années. De nouvelles expérimentations arrivent sur les emballages, Cdiscount teste un colis réutilisable avec la start-up Hipli. Retour sur ces transformations et prochains développements en 4 questions à Pierre-Yves Escarpit.
Quels sont les enjeux logistique pour Cdiscount ?
En e-commerce, avec le confinement, le service aux clients devient de plus en plus critique car il faut convaincre les néo-cyberacheteurs. La période du confinement a été un véritable accélérateur pour Cdiscount et aussi pour l’offre de fulfillment. Sur cette dernière activité, nous avons plus de 2700 clients qui nous font confiance et +50 % des vendeurs nous utilisent pour livrer des ventes réalisées sur d’autres marketplaces que celle de Cdiscount.
En 2020, nous avons expédié 23 millions de colis dont 30 % en fulfillment. Notre ambition est que 50 % des flux traités par C-Logistics soit externe à Cdiscount.
Nous comptons notamment sur le développement de notre nouvelle offre e-3PL. Nous avons analysé le marché et nous avons une vraie expertise logistique à faire valoir, notamment sur les produits volumineux avec C Chez Vous. But a signé avec nous et d’autres contrats avec des grands retailers sont en cours de signature.
La logistique est le nerf de la guerre. Vous n’avez pas peur de donner un avantage à des concurrents directs de Cdiscount ?
Nous avons eu cette réflexion en interne bien évidemment. Mais Relais Colis qui est une émanation de La Redoute a su trouver sa place par exemple. Nous voulons capitaliser sur les investissements réalisés pour les valoriser sur le marché. Des murailles de Chine ont été construites pour bien séparer les flux et le fait d’avoir créé une filiale est une réassurance pour nos clients.
Nous avons beaucoup investi en 2017 dans nos entrepôts. Récemment, nous avons ajouté une nouvelle installation Exotec à Cestas (33). Au global, nous avons 86 robots pour 70 000 bacs installés. Et nous avons reçu une 6e emballeuse 3D, qui va nous permettre de traiter deux fois plus de colis tout en fonctionnant sur une plus grande amplitude de typologie de produits (plus grand et plus petit). Au total, nous capitalisons sur 14 sites qui représentent 540 000 m2. Ils vont nous permettre d’absorber les nouveaux flux.
Côté consommateur, quels sont vos prochains enjeux ?
Nous allons plus fortement développer la communication sur tout ce que nous faisons au niveau RSE. Nous y arrivons bien au niveau BtoB car ce sujet est devenu un critère dans les appels d’offres. Auprès des consommateurs, l’exercice est plus compliqué car nous ne pouvons pas les afficher sur la home page. Nous utilisons la page livraison pour présenter nos actions.
Prochainement, nous comptons maximiser l’encart publicitaire que représente le carton. Nous sommes aussi en réflexion sur le sujet des emballages réutilisables. Après une expérimentation avec Living Packet, nous travaillons avec Hipli.
Comment se présente le produit Hipli ?
L’emballage se déplie comme une enveloppe pliable. Quand on le replie, il a la taille d’une pochette CD et les gens peuvent le renvoyer facilement. Nous sommes le premier e-commerçant à l’avoir testé auprès de 2000 clients et nous travaillons sur l’industrialisation de cette solution, en mode open innovation. D’autres e-commerçants sont intéressés par ce sujet. Tout seul nous y arriverons pas, nous avons une responsabilité à faire éclore une solution de colis réutilisable avec tous les e-commerçants et transporteurs d’ici 2022, quand la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire entrera en vigueur.