Quelles tendances retenir du Retail’s Big Show 2022 ?
Par Clotilde Chenevoy | Le | Omnicanal
Metaverse et retail, Logistique et robotisation, ou retail autonome, analyse des trois principales tendances du Retail’s Big Show.
La grande messe du retail mondial s’est bien tenue du 16 au 18 janvier, à New York. Toutefois, le Retail’s Big Show n’a pas fait carton plein à cause du covid. Les allées étaient extrêmement vides, beaucoup de grands prestataires du secteur ont annulé leur participation à cause d’Omicron et les visiteurs étaient surtout des visiteurs d’Amérique du Nord et d’Amérique du Sud. Néanmoins, l’évènement reste toujours intéressant pour suivre les grandes tendances du retail. Et selon Guillaume Rio, qui pilote le Pôle Techno Trends de l’Echangeur by BNP Paribas Personal Finance, 3 grandes tendances se dégagent : le metaretail, la recherche d’efficacité logistique et le retail autonome.
Le boom du Métaverse dans le retail
Commençons par la plus sexy du moment : le metaverse et le retail. Rien que ce matin, Alexandre Bompard, p-dg de Carrefour, vient d’annoncer dans un tweet l’arrivée de l’enseigne sur Sandbox !
Guillaume Rio de son côté a repéré quelques start-ups dans le domaine qui proposent leur service pour accompagner les retailers dans cette transformation. Citons ainsi le coréen DeepBrain.ai qui permet de créer un avatar très réaliste avec lequel on peut interagir. Les clients peuvent ainsi se créer le conseil de vente qu’ils veulent avec une approche plus personnalisée. A l’occasion de Vivatech, Républik retail avait repéré le portugais Didimo qui était aussi sur ce créneau mais avec l’objectif de mettre l’avatar des clients sur les mannequins.
Une autre start-up a attiré l’œil de notre expert : Obsess. Elle proposait jusqu’ici de digitaliser les flagships des enseignes pour un usage en réalité virtuelle. Elle a par exemple collaboré avec Ralph Lauren. Elle fait donc évoluer sa proposition de valeur pour aider les marques à créer leur univers dans le metaverse, sur Sandbox ou autre plate-forme virtuelle.
Le sujet a aussi été au cœur des différentes conférences qui ont fait salle comble, prouvant bien l’engouement des retailers pour le sujet. Quelques chiffres ont en effet mis en avant que la génération Z est mûre pour ce sujet… Ainsi, une personne sur quatre de cette génération serait prête à dépenser 200 dollars pour un bien virtuel. Et Bloomberg Intelligence a chiffré que le metaverse représentera 800 milliards de dollars d’ici 2024. « L’échéance me semble courte mais ce marché va prendre de l’ampleur, notamment pour les marques non-alimentaire et de luxe », analyse Guillaume Rio.
Sans aller jusqu’au métaverse, la notion d’Alt Commerce a émergé. Il s’agit d’un nouveau mode d’achat, qui mixe magasin et web mais qui se démarque franchement des méthodes traditionnelles. Citons ainsi le live shopping, le social commerce ou encore tout ce qui touche à la gamification. Sur ce volet, là aussi les choses devraient bouger. On en parlera d’ailleurs dans les ateliers de Retail Days, les 8 et 9 mars à Deauville.
L’optimisation de la logistique
Parmi les stands marquants du Retail’s Big Show, il y avait énormément de solutions pour optimiser les logistiques, notamment avec de la robotisation et de façon plus prospective, la livraison autonome.
Aux Etats-Unis, la livraison en ville en 10 minutes est devenue la norme et le standard est une livraison à domicile sous deux heures. En France, ces délais sont possibles mais ne représentent pas la norme malgré une poussée très forte du quick commerce.
Face à cette mutation, les retailers doivent muscler leur logistique et cela passe entre autres par de la robotisation et le déploiement de micro fulfillment center, soit des petits centres de préparation des commandes. Sur le salon, il y avait ainsi Autostore, Exotec, qui a d’ailleurs annoncé une levée de fonds, Tompkins Robotic, Takeoff ou encore Brightpick. « Tous les acteurs cherchent des solutions pour améliorer leur logistique et les acteurs du quick commerce comme GoPuff, Jokr ou Doordash profitent de leurs levées de fonds pour reprendre les emplacements laissés vides par le retail pour y implanter leur dark store », analyse Guillaume Rio.
L’expert de l’Echangeur souligne par la même que la notion de City-15 minutes a été largement évoquée lors du retail’s Big Show. Autrement dit, les consommateurs plébiscitent désormais les commerces et services autour de chez eux. Les grands magasins Nordstrom avaient bien anticipé cette tendance en créant des plus petits concepts, Nordstrom Local, dopés au digital pour apporter toute l’offre sans la stocker avec une multitude de services. Plus récemment, Target s’est lancé dans cette approche pour se rendre plutôt dans les banlieues. Le télétravail devient une nouvelle, ce qui rebat les cartes des zones de chalandises. L’Alliance du commerce dans son bilan 2021 du marché de l’habillement a aussi mesuré ce phénomène en France mais si les flagships ont repris un peu de place dans le cœur des consommateurs dès lors que les restrictions sanitaires s’allègent.
Pour améliorer la gestion du dernier kilomètre, quelques solutions de robots autonomes étaient présentes mais on reste pour l’heure sur du test, plus ou moins important. Galik, Nuro, Starship Technologies livrent avec des voitures ou des navettes autonomes dans certains états. Dronedek ou DroneUp ont présenté eux des solutions de livraison par les airs, « offrant des scénarios très pragmatiques de service, précise Guillaume Rio. Le premier a créé une boîte sécurisée pour déposer un colis tandis que l’autre peut larguer un colis a plus de 10 mètres du sol. » Plus original, Metavending veut installer des distributeurs automatiques géants appelés Ubrx Market !
Un retail plus autonome
Sur le sujet du retail autonome, on retrouve les magasins autonomes. Depuis la création d’Amazon Go, le sujet ne cesse de prendre de l’ampleur avec des nouveaux concepts. Citons ainsi le partenariat entre Starbucks et Amazon. Mais ce dernier a aussi vendu sa technologie a de nombreux retailers pour proposer leur version du magasin sans caisse où le client n’a qu’à prendre un article et sortir pour son achat. Sur le salon, Guillaume Rio a aussi repéré Spharos, un coréen, qui propose une version de magasin autonome utilisant du Lidar au lieu des caméras. « Cette technologie sert pour les voitures autonomes, détaille notre expert. Pour 20 caméras Amazon, un seul lidar serait nécessaire selon la start-up. »
Au-delà du magasin autonome, l’automatisation était aussi présente pour d’autres sujets Zliide qui donne la possibilité aux clients de désactiver eux-mêmes un antivol avec leur téléphone dès que le paiement a été fait. Fast Sensor, sur le stand de Samsung, exposait une solution d’analyse du trafic grâce au téléphone des clients. « Cette technologie permettrait de mesurer le taux d’engagement des clients et non juste de suivre uniquement les flux », précise Guillaume Rio.
La notion de digital ID était aussi fortement présente pour aider les clients dans le choix des articles en ligne. Que cela soit un scan du corps ou des pieds, l’objectif consiste à limiter les retours. Notre expert a notamment repéré Wair. « Ils créent un identifiant digital du client avec toutes ces mesures multi-enseignes, explique-t-il. Nobal & Stylitics proposent un scénario relativement similaire mais qui s’appuie sur l’usage d’un miroir en magasin. »
Le sujet n’est pas nouveau, des initiatives existent déjà, notamment en France, mais rien de très probant n’a encore été déployé. Mais on sait que le retail est capable de bouger très vite.