Alltricks : un nouveau coup de pédale vers l’économie circulaire
Par Clotilde Chenevoy | Le | Seconde main
Depuis le rachat de TrocVélo en 2021, Alltricks développe son activité seconde main et s’apprête à lancer un service de location longue durée. Gary Anssens nous livre les détails de son plan autour de l’économie circulaire ainsi que son expansion à l’international.
« La seconde vie prend de plus en plus de place. » Pour Gary Anssens, fondateur d’Alltricks, site e-commerce spécialisé dans la vente de vélos et d’articles de running et outdoor, l’économie circulaire fait partie intégrante de son développement. Le rachat en février 2021 de TrocVélo, « une pépite dans son registre avec 250 000 annonces », estime le dirigeant, a marqué un premier jalon dans cette stratégie.
Factuellement, l’opération a ajouté 49 millions d’euros de volume d’affaires dans l’escarcelle du groupe qui atteint désormais 219 millions d’euros de chiffres d’affaires. L’autre bonne nouvelle, c’est que le panier moyen du site de petites annonces est de 2 000 euros, « plus que le neuf, souligne le dirigeant, car TrocVélo est le site des spécialistes du vélo et se positionne sur le haut de gamme. » Soit un positionnement similaire à Alltricks qui vise le haut de gamme alors que sa maison-mère, Decathlon sera sur du mass market. D’ailleurs Gary Anssens a pris le parti de capitaliser sur cette audience de passionnés en créant un nouveau modèle freemium et premium, avec la création d’une activité de retail média. Une régie pub interne a été créée pour gérer une partie des espaces tandis que le reste sera externalisée à des tiers.
Sur TrocVélo, l’objectif consiste désormais à capter plus de valeurs. La plate-forme doit être musclée, notamment en services. « Vinted a challengé la seconde vie des produits de manière intense et Leboncoin a sorti des solutions de transport et de paiement, analyse le dirigeant. Nous allons ajouter une brique livraison d’ici la fin de l’année ainsi que des nouveaux moyens de paiement, dont le paiement fractionné. » Un service qui fait sens avec un panier moyen de plusieurs milliers d’euros.
Un objectif de 26 millions d’euros avec l’achat-revente de vélo
Mais pour le dirigeant, il y a un trou dans la raquette entre le neuf et la seconde main. « Il y a besoin d’un reconditionneur pour certains produits, estime-t-il. Nous proposons donc une nouvelle activité avec le service Seconde Life. Nous rachetons des modèles d’occasion pour les revendre, à l’unité des particuliers ou des parcs entiers à des professionnels. » Lancé début 2022, le dirigeant ambitionne d’atteindre la vingtaine de millions d’euros en 2026.
Concernant le prix de rachat des vélos, Alltricks a développé un algorithme qui tiendra compte de l’état du produit ainsi que de la côte de recherche du modèle fourni par les 17 ans d’historique de reventes de TrocVélo ! Les équipes s’occupent de contrôler le vélo et de réaliser les photos avant une mise en ligne avec l’appellation « unique par sa précédente vie », autant sur le site Alltricks que TrocVélo. « Et on ne s’interdit pas Leboncoin », pointe Gary Anssens.
Bien que Decathlon ait investi dans Alltricks et que le géant mondial des articles de sport se développe aussi fortement sur la seconde main et l’économie circulaire, aucune synergie n’est réalisée, pour l’heure. « Les pratiques sont un peu différentes, nous ne reprenons pas les mêmes catégories de produits », rappelle le dirigeant d’Alltricks.
Magasins et économie collaborative en relais
Peut-être que des échanges logistiques pourraient faire sens entre les deux entreprises. Pour l’instant, le renvoi de produit se fait par une box spécifique créée pour faciliter le transport ou dans l’une des 6 boutiques Alltricks.
Gary Anssens assure ne pas vouloir en rester à ce niveau. L’enseigne vient d’ailleurs de prendre ses quartiers dans un lieu à l’emplacement premium : à l’entrée du Campus Decathlon de Villeneuve d’Ascq. Alltricks vient remplacer le Decathlon X, le magasin du futur du retail de 350 m², ouvert juste après le covid en 2020. Une autre ouverture est programmée pour la deuxième quinzaine de mai à Mérignac, près de Bordeaux.
In fine, Alltricks ambitionne d’ouvrir deux magasins par an jusqu’à atteindre 15 à 16 magasins. « Puis on se posera pour vérifier l’apport de chaque canal, indique le dirigeant. Le retail nous permet d’augmenter l’expérience client comparée à l’activité e-commerce et d’apporter une vraie scène d’expression. D’ailleurs, un client sur deux en magasin n’avait pas d’expérience avec la marque en ligne. Autrement dit, les magasins nous permettent de conquérir de nouveaux clients. Et nous réalisons 20 % de chiffres d’affaires digital en magasin. Mais la scalabilité de l’activité reste un sujet. »
Pour amortir un peu plus le coût d’un magasin, Gary Anssens ajoute dans les prochaines semaines une activité ship-from-store. Alltricks investit également dans sa logistique, notamment pour se mettre en ordre de bataille pour le développement de l’activité de reconditionnement. Ainsi, au 25 000m² d’entrepôt s’ajoute un autre site de 17 000m² dédié à l’accessoire, aux pièces détachés ou encore à l’outdoor.
Au-delà des ouvertures en propre, Alltricks mise aussi sur l’économie collaborative. « Nous avons déjà 160 partenaires en France dont 50 % s’occupent de réaliser de la réparation mobile, précise le fondateur. Nous réfléchissons à solliciter la puissance de la communauté, experte, et située aux quatre coins de la France, pour jouer le rôle de modérateur qui aiderait à la reprise. »
Arrivée d’une offre de location longue durée
Enfin, dans les futures évolutions, un chantier informatique est en cours pour proposer d’ici mai un service de location de longue durée. « Beaucoup de gens passent de la propriété à l’usage, juge Gary Anssens. C’est d’autant plus pertinent que nous avons beaucoup de geeks en client, qui aiment renouveler leur matériel tous les 2 à 3 ans. » Le service a d’abord été testé en interne afin de se faire la main sur cette activité. Cela suppose en effet de gérer de nouveaux process comme le paiement fractionné, les assurances ou encore une nouvelle interface client. Comme à son habitude, Alltricks s’appuie sur une plate-forme maison pour y ajouter quelques briques technologiques prises sur le marché.
Cette maîtrise de l’informatique a particulièrement réussi à Alltricks ces dernières années. Le spécialiste du vélo, du running et de l’outdoor se développe fortement à l’international avec 6 déclinaisons de son site e-commerce. « Nous réalisons 25 % de notre chiffre à l’étranger et l’objectif consiste à atteindre 40 %, précise Gary Anssens. Nous avons également de nouvelles gammes de produits comme le running ou l’outdoor qui enregistrent de belles croissances en 2022 qui devraient se poursuivre. » Alltricks expédie pour le moment depuis la France, avec des déclinaisons en 6 langues de son site. « Nous n’avons pas encore la taille critique pour avoir un bureau et dans deux ans nous ciblons d’ouvrir en Espagne et en Allemagne avec des magasins, un bureau et un hub logistique », indique le dirigeant que rien ne semble arrêter…
Les chiffres clés d’Alltricks en 2022