Stratégie retail

Le « convenience store » à la française de Monoprix

Par Dalila Bouaziz | Le | Concepts

En face du célèbre Moulin Rouge, Monoprix dévoile dans son premier magasin parisien, datant de 1932, une nouvelle version de la proximité, du « tous sous le même toit », regroupant les derniers concepts du distributeur dans l’alimentaire, la beauté et la maison. Visite.

Ce nouveau magasin est conçu comme un connivence store, connecté aux besoins et envies du quartier. - © D.R.
Ce nouveau magasin est conçu comme un connivence store, connecté aux besoins et envies du quartier. - © D.R.

Après neuf mois de travaux, et un fort investissement (non communiqué), Monoprix dévoile une nouvelle version de la proximité dans son magasin parisien historique (datant de 1932) complètement rénové, situé dans le quartier de Pigalle, en face du Moulin Rouge. Remettant à l’honneur son architecture Art déco, le résultat est plutôt réussi avec un point de vente séduisant et atypique par sa configuration avec ses différentes colonnes et hauteurs sous plafonds, mais aussi ses arcades d'époque, son majestueux lustre et ses grands miroirs dorés.

L’enseigne a voulu travailler « l’effet émotionnel » et « le côté beau de Monoprix, représentatif de son ADN ». Le magasin plus lumineux, d’une superficie de 1 300 mètres carrés et sur deux étages, reprend les grands marqueurs des derniers concepts dans l’alimentaire, la beauté et maison qui « cartonnent ».

« Ce magasin est un concentré de notre stratégie de transformation, qui consiste à rénover les concepts les uns après les autres : la Ferme de Naturalia, l’ultra-proximité avec Monop’, la beauté avec le nouveau concept à Monoprix Vaugirard et aujourd’hui ‘Blanche’ (du nom de la station de métro à la sortie du point de vente) qui réunit toutes nos nouveautés dans l’alimentaire, la beauté & parapharmacie et la partie mode & loisirs. Dans chacun de ces points de vente retravaillés, nous enregistrons à chaque fois des croissances à deux chiffres », souligne Guillaume Sénéclauze, président de Monoprix et Naturalia.

Un magasin connecté aux besoins et envies du quartier 

Pour Monoprix, l’ambition est de répondre à l’ensemble des besoins et envies des différentes typologies de clients du quartier qui viennent aussi bien pour les courses alimentaires que pour le shopping, « en alliant le besoin et le plaisir ». Concrètement, le magasin brasse 50 % de clientèle du quartier (9e et 18e arrondissements), 30 % d’actifs et 20 % de touristes. Deux entrées permettent ainsi d’aller soit côté textile/maison ou dans l’alimentaire. L’alimentaire et non-alimentaire sont quasiment de surfaces identiques (660 m² sur l’alimentaire, 300 m² sur la mode, 100m² maison et 240m² beauté).

Monoprix a repensé les parcours des clients en focalisant sur l’expérience, l’omnicanal et la RSE.

Monoprix a repensé les parcours des clients en focalisant sur l’expérience, l’omnicanal et la RSE. Pour un parcours d’achat plus fluide, les caisses ont été renforcées passant de 18 à 24 (dont trois traditionnelles) et où se trouve l’unique sortie du magasin. Le rez-de-chaussée est désormais dédié au shopping et à la consommation rapide pour les passants et touristes, tandis que le sous-sol est réservé aux courses du quotidien des habitants du quartier.

Les allées des rayons ont été agrandies, donnant un rendu plus aéré, tout en densifiant l’offre par mètre linéaire (+17 %) avec 20 000 à 22 000 références au global. « Le moindre espace a été optimisé : les têtes de gondole sont remplies de produits au centimètre près avec l’ajout de ‘joues’ de têtes de gondoles (petite étagère accolée) quand cela est possible », pointe Sandra Hazelart, directrice des opérations.

L’ultra-proximité dans le frais

A l’entrée, comme pour le concept Monop’, la « place de marché » fait la part belle aux produits frais avec une belle présentation des fruits et légumes. Un travail sur la saisonnalité a été réalisé et le rajout d’une partie murale via du cross-merchandising.

L’offre de restauration a aussi été étoffée avec des partenariats régionaux, la présence d’un bar à salades. Dans le rayon snacking, la signalétique a également été retravaillée. Point tout bête mais très utile pour les consommateurs, les différents produits sont ainsi classés en fonction des protéines  : volaille, porc, poisson, etc. Le pôle boulangerie a été repensé avec un mural conçu par les équipes du magasin, avec une offre qui évolue en fonction de la journée et quelques exclusivités locales des artisans Frédéric Lalos et Nina Métayer notamment, et la présence d’un coin café.

L’offre locale met en avant les collaborations avec le quartier - Marlette, La fabrique à cookie, la bière locale La Goutte d’or, Rose Bakery - et les produits d’Île-de-France, avec la Ferme de Gally et la Maraîchère de Montesson (78). Au total, la partie alimentaire a augmenté de 7 %.

De nouveaux services digitaux

Pour faciliter la livraison des courses à domicile, une « borne liquides digitale » permet aux clients de commander aisément des produits pondéreux (boissons et laits) sans les porter jusqu’au comptoir Livraison. Il suffit d’indiquer le numéro de son chariot, le produit et le nombre de packs sur l’écran. A date, les livraisons à domicile représentent entre 40 à 60 commandes par jour.

Autre nouveauté pour trouver un article en rayon, l’acheteur scanne un QR Code et visualise le magasin sur un plan interactif pour trouver en temps réel l’emplacement du produit recherché, grâce au clignotement de son étiquette dans le rayon. L’ensemble des produits alimentaires sont équipés d’étiquettes de prix avec un signal clignotant, de l’éditeur SES Imagotag (VusionGroup).

Et pour la première fois au sein d’un magasin Monoprix, un espace de près de 100 m2 est dédié à la préparation du quick commerce avec 1 000 références au 2e étage (le magasin compte 9 étages au total avec les réserves et espaces du personnel). Les Parisiens peuvent se faire livrer en 30 min, en partenariat avec Deliveroo et Uber Eats.

Un espace Photomaton et Vinted Go sont également à la disposition des clients. Enfin, dans le rayon textile, un QR Code figure sur les étiquettes, permettant aux clients de vérifier rapidement si leur taille est disponible sur monoprix.fr en cas de rupture en magasin. Particularité du point de vente, pas d’offre enfant et bébé car la population du quartier est composée à une très forte majorité de foyer sans enfant. La catégorie Homme a par contre été développée, représentant 13 % du CA sur le segment.

Le nouveau concept beauté avec les codes de la parfumerie sélective

La Beauté est également mise à l’honneur avec une expansion de la gamme de maquillage et de parfumerie. L’espace a été repensé dans la continuité du nouveau concept mis en place en partenariat avec L’Oréal sur le magasin Monoprix Vaugirard en décembre dernier : des bars à sérums, à masques, à soins et parfums avec sa nouvelle signalétique et un point d’entrée par marque. Le nouveau concept fait ainsi la part belle aux « catégories à fort potentiel » que sont le soin visage, le maquillage et le capillaire.

Des espaces innovations ont pour objectif de relayer les récents lancements avec sur un écran vertical tout en longueur diffusant les vidéos d’influenceuses qui font le buzz notamment sur TikTok. Un service de conseils beauté fondé sur l’intelligence artificielle accessible via un simple scan de QR Code en rayon permet de recevoir des recommandations personnalisées.

Depuis l’ouverture du magasin, Guillaume Sénéclauze indique une hausse du trafic de 36 % à date comparable et la duplication du concept sur un format plus grand, plus de  2 500 mètres carrés, d’ici le premier semestre 2024.